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Trente ans de Bouquins

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Publié le 13/08/2009
La collection Bouquins, fondée sous la marque de Robert Laffont par Guy Schoeller, fête cette année ses trente ans.
Ils sont rondouillards, parfois un peu lourds et toujours complets. Leur nom serait presque péjoratif s'il n'était précédé d'une majuscule, elle-même ventrue, tête ronde et panse rebondie qui donne à la marque son identité. « Ils » ce sont les Bouquins, du nom de cette collection fondée en 1979 par Guy Schoeller, éditeur qui considérait « l'édition comme un divertissement plus sérieux que la vie même ». La collection Bouquins des éditions Robert Laffont fête cette année son trentième anniversaire et c'est pour nous l'occasion d'un coup d'oeil vers un passé pas si lointain et de proposer un bref bilan historique de ce nouveau genre éditorial qui a depuis fait école chez de prestigieux confrères tels Gallimard avec ses Quarto ou Omnibus aux Presses de la Cîté.

Déjà pratiqué dans les pays anglo-saxons, le genre n'était connu en France que des amateurs d'anthologies luxueuses telles que la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade. Le vœu de Guy Schoeller était donc de mettre à la disposition du plus large public des ensembles d'œuvres reliés sous la même couverture.
L'exploit ne fut pas seulement éditorial, il fut aussi technique. Prenez un Bouquin ou un Quarto, ouvrez ses mille et quelques pages à plat sur votre bureau : il reste ouvert à la bonne page. Ce petit rien qui arrange bien la vie des lecteurs de gros livres était en son temps une première dont la mise au point à réuni éditeurs, papetiers, imprimeurs et relieurs. Guy Schoeller était de ceux qui savent que la valeur intrinsèque d'un livre n'est rien sans sa valeur d'usage, et que la facilité de lecture comptait beaucoup pour les lecteurs.

Au-delà de l'objet, le travail éditorial qui préside à la réalisation de ces florilèges ou anthologies est également considérable. Dans un récent article, le journal La Croix mentionne les quelques trois cents personnes que les responsables de Bouquins durent contacter afin d'éditer le Dictionnaire de Gaulle, et l'énorme correspondance qui en résultat. Car c'est ainsi, les Bouquins, Quarto et Omnibus ne sont pas des pléiades du pauvre mais des ouvrages sérieusement et soigneusement édités ; et qui, s'ils sont souvent dépourvus de l'apparat critique propre à rebuter le lecteur non spécialiste, possèdent préface, introduction et postface riches d'enseignement sur le contexte et l'analyse des œuvres réunies.

Aujourd'hui, après Guy Schoeller et Daniel Rondeau, c'est l'écrivain et historien Jean-Luc Barré qui veille sur la collection Bouquins. Cet érudit éclectique, auteur d'une considérable biographie de François Mauriac, connaît bien la collection pour y avoir dirigé l'édition du dictionnaire de Gaulle. Depusi son arrivée, il a d'abord fait en sorte que l'intégralité de la collection soit de nouveau disponible. A ce fonds historique, viendront s'ajouter des nouveautés aussi diverses que la correspondance de Charles de Gaulle, les carnets de route de Che Guevara, un recueil d'œuvres critiques de Nabokov ainsi que des recueils d'essais de Marc Fumaroli ou de Tzevan Todorov.

Du roman populaire aux grandes figures historiques et intellectuelles en passant par les anthologies thématiques et les dictionnaires de référence, Bouquins constitue ainsi une bibliothèque de l'honnête homme, dont chaque exemplaire tient ouvert à la bonne page lorsqu'on le pose sur une table. Pas mal, non ?


En savoir plus : le site de Bouquins