ue Michel Houellebecq se rassure, certaines malédictions
finissent par s'éteindre avant celui qu'elles visent. François Weyergans en est
la preuve. Celui que chacun de ses romans rendait Goncourable mais qui voyait à
chaque fois s'échapper le trophée suprême, a finalement été récompensé. Oui,
grâce à Trois jours chez ma
mère
, François Weyergans a bien
obtenu son premier prix Goncourt.
Cet ex-critique de cinéma, ex-cinéaste et toujours écrivain est désormais à la tête d'une œuvre, qui, pour peu considérable qu'elle soit si l'on tient compte du nombre d'ouvrages, a eu le mérite de révéler un auteur singulier et de très grand talent. Fils naturel de Woody Allen et de Cioran, en plus névrosé que le premier et encore moins optimiste que l'autre, François Weyergans est entré en littérature au début des années 70 avec un ouvrage qui défraya la chronique de son temps : Le pitre, une chronique sarcastique d'une analyse avec sa majesté Jacques Lacan lui-même.
Puis d'autres romans ont suivi ; dont le plus récent, Franz et François , remet sur le métier la difficile relation que l'auteur eût avec son père, Franz Weyergans, auteur catolique fort célèbre en son temps.
Trois jours chez ma mère fait revivre l'alter ego romanesque de Weyergans : Weyergraf, écrivain en panne, qui laisse là ses travaux d'écriture pour rendre visite à sa mère hospitalisée, trois jours durant, en Provence. Ce sera évidemment pour ce roi de la digression, l'occasion de glisser de sujet en sujet, pour, curieusement, au terme d'un bref roman de l'échec, parvenir à dessiner malgré tout la figure d'une mère aimante et légère et celle de son fils, bien plus inquiet.
Déçu, Michel Houellebecq le sera certainement cette année, comme il le fut en 1999, quand Les Particules élémentaires manqua le Goncourt. Lui qu'on donnait grand favori, s'est vu recalé au second tour de scrutin, par des jurés sans doute quelque peu fatigués de voir les pronostiqueurs considérer que le seul soutien d'un juré, même important, vaudrait passeport pour le Nirvana des lettres. Ce sera donc pour une prochaine fois.
Nina Bouraoui faisait, elle, partie des favoris en lice pour le Renaudot, et elle l'a emporté. Ses mauvaises pensées ont été bien reçues par une critique qui voit en ce livre l'accomplissement d'un écrivain. Récit d'une thérapie – encore – c'est aussi un livre d'une manière plus apaisée, plus mûre. Nina Bouraoui quitte peut être le pays de la douleur pour celui de la nostalgie.
Nina Bouraoui
Quant au Fémina et à l'Interallié, ça m'étonnerait qu'ils passent l'automne...