« Elle a créé un monde qui n’appartient qu’à elle. Un monde en marche, qui vient de loin, et qui va on ne sait où, avec ses turpitudes. », déclare Maine Durieu au sujet de sa tante Germaine Richier (1902 - 1959). Ses propos, ainsi que ceux d’autres membres de l’entourage de l’artiste comme l’écrivaine Dominique Rollin, le peintre Ladislas Kijno ou encore la sculptrice Hélène Balmer, sont retranscrits par sa fille dans Germaine Richier l’Ouragane. Laurence Durieu signe ici une très belle publication dédiée à un membre de sa famille qu’elle n’a pas connu et dont elle cherche à retracer l’existence. Elle nous raconte ainsi cette aïeule fascinante, profondément amoureuse de la nature et de sa Provence natale, élève d'Antoine Bourdelle et figure artistique emblématique du Paris de la première moitié du XXe siècle.
Le livre relate la vie de l’artiste, son enfance, sa décision, encore étonnante pour une femme à l’époque, de devenir sculptrice et d’étudier les beaux-arts, mais aussi sa relation fusionnelle avec son frère Jean, les rapports qu’elle entretenait avec certains élèves et confrères ou encore son combat contre la maladie qui l’emportera à 57 ans. En plus des nombreux témoignages recensés, qui constituent un chapitre entier de l’ouvrage, Laurence Durieu s’attarde aussi en détail sur l’affaire du Christ d’Assy, un scandale digne de celui du Balzac de Rodin, qui opposa l’artiste à certains membres de l’église et au pape lui-même. On se laisse entrainer avec plaisir dans le récit de vie de cette grande petite femme, richement illustré de photographies de ses oeuvres et de son atelier dont certaines, comme celles la montrant auprès de Nardone, un de ses modèles favoris, sont particulièrement touchantes.
Un ouvrage passionnant qui nous permet de nous rapprocher au plus près d’une artiste qui était, aux dires de son assistante et amie Claude Mary, « généreuse, fantasque et griffue ».
Faire des femmes artistes des figures familières et non des exceptions, de la présence de leurs œuvres au musée la norme et non pas un évènement, voilà certains des objectifs défendus par cette très belle parution dans la collection Les Insolentes.
Cet essai riche et dense, écrit par Eva Kirilof, autrice de la newsletter La Superbe, et illustré avec brio par Mathilde Lemiesle, propose une réflexion éclairée sur la façon dont les femmes ont été, et sont toujours, ostracisées dans le monde de l’art. L’ouvrage aborde des thématiques diverses comme le rapport des femmes artistes avec l’éducation, l’importance de « la pièce à soi » telle que l’envisageait Virginia Woolf, le concept de génie masculin, la figure de la muse ou encore la notion de regard dominant. Chacune soulève toute une série de problématiques : Quelle est la nature du système qui enfante et condamne les femmes artistes ? Sur quoi fait-on reposer la distinction entre les artistes femmes et leurs homologues masculin ? Qu’est-ce qu’un art dit « féminin » ? Quelles sont les difficultés supplémentaires pour les artistes racisées ?
Ces questionnements, dont la liste présentée ici n’est pas exhaustive, sont traités au regard des thèses, des critiques et des témoignages d’un grand nombre de théoriciennes, d’historiennes ou d’activistes. L’ensemble de la publication est également émaillé de portraits de peintresses et de sculptrices, comme Angelica Kauffmann, Tamara de Lempicka, Louise Bourgeois ou encore Mary Beale, dont on présente aussi les principaux chefs-d’œuvres et prises de positions.
En somme, un livre accessible, engagé et nécessaire, qui permet de rendre compte de la place des femmes dans la culture occidentale et de tout ce qu’il reste à faire pour achever de la revaloriser !
Un Christ représenté à mi corps, les poignets noués à une colonne de marbre, tandis que deux bourreaux lui infligent une flagellation, le tout éclairé par une lumière si caractéristique…
Les collections du Musée des Beaux-Arts de Rouen renferment un trésor : une Flagellation du Christ de Caravage, réalisée à Naples tandis que le peintre fuit la justice romaine après avoir commis un meurtre. Or, si la paternité de ce tableau ne pose aujourd’hui plus question, cette attribution n’a pas toujours été une évidence et a nécessité l’intervention des plus grands experts du siècle dernier. Ce livre retrace donc en premier lieu l’histoire de la toile, de ses origines jusqu'à son accrochage sur les murs du musée Rouennais. À cet état de la recherche mis à jour concernant le parcours de l'œuvre, suit une étude scientifique, puisque ces pages vous proposent de glisser sous le vernis et les pigments. Une immersion au cœur de la toile où l’on revient aux temps des premières formes, des premiers choix du peintre, grâce à la science qui nous révèle ce que l'œil ne peut percevoir. Ce rapport à la matière, cette découverte des hésitations, des transformations, de la composition des couleurs, ou encore le matériel employé nous rapprochent d’un moment révolu, celui de la conception du tableau.
Voici un ouvrage succinct mais essentiel et surtout passionnant qui nous communique tous les secrets d’un tableau plus confidentiel d’un peintre célébrissime. Un livre qui nous donne l’impression de regarder par-dessus l’épaule du maître avant de suivre la destinée parfois troublée de sa création.
« Je veux agir en ces temps où les gens sont si désemparés et si désorientés », écrit Käthe Kollwitz dans son Journal en 1922. Née en 1867, elle est déjà, à l’époque, l’une des artistes allemandes dominantes du XXe siècle. Connue pour son art dès 1900 et soumise plus tard à la répression du régime nazi, elle continue pourtant à dessiner, à graver et même à sculpter ou ériger des monuments jusqu’à sa mort en 1945.
En collaboration avec le Musée Käthe Kollwitz de Cologne, les éditions Martin Halleux lui consacrent une monographie riche et essentielle. L’ouvrage, très complet, vient mettre en lumière l’essentiel de la production picturale et sculpturale de l’artiste, ainsi que ses thématiques de prédilection : le deuil maternel, l’adieu ou encore la vie des classes ouvrières et leurs luttes. Il rend également compte de ses écrits, de ses prises de positions politiques, ainsi que des épisodes marquants de son existence dont certains, comme la mort de son fils Peter au front en 1914, sont à l’origine de créations majeures.
Parmi les nombreuses œuvres d'intérêt présentées on distingue notamment une très belle série d'autoportraits, mais aussi la reproduction de deux cycles gravés : Une révolte des tisserands, inspiré du premier soulèvement du prolétariat allemand (1844), celui des tisserands de Bielawa et de Pieszyceet, et Un cycle de guerre, illustrant la guerre des Paysans allemands ayant eu lieu entre 1524 et 1526.
Une magnifique publication qui ravira à la fois les connaisseurs ainsi que ceux et celles ayant à cœur de découvrir l'artiste !
Après Tarot et Astrologie, le troisième opus de la collection La Bibliothèque de l’ésotérisme s’arrête sur la Sorcellerie. Le champ d’étude est élargi mais le traitement demeure riche et savant. Le lecteur plonge dans l’histoire de la sorcellerie des premières évocations littéraires aux témoignages de praticiens actuels, en passant par les heures sombres de l’Inquisition. Si l’on y découvre le rôle fondamental joué par les éléments, l’évocation des rituels, la célébration des sabbats et tout ce qui concerne la culture de l'envoûtement, cette collection des éditions Taschen se démarque par la qualité de ses illustrations. Voici certes un livre de magie, mais également un livre d’art où les sortilèges côtoient les tableaux de Circé et Médée. Goya, Delacroix, Füssli, Blake, Waterhouse, Dali, … nombreux sont ceux qui ont souhaité donner un visage et un corps aux sorcières qui habitent les mythes antiques ou les vers de Shakespeare. L’enchantement est total, nous voilà fascinés tant par la lettre que par le trait. À travers ces 520 pages dont plus de la moitié est parée des représentations de sorcières légendaires ou anonymes, de sabbats et autres cérémoniels fantasmés, cet ouvrage nous démontre que la fascination pour l’occulte a traversé les âges et les continents et qu’elle a pénétré l’imaginaire des artistes qui y ont su y trouver la source de renouveaux picturaux. Les éditions Taschen nous offrent ici un recueil iconographique étoffé parfaitement articulé avec un texte moderne et actuel.
Dans Bandes originales de Jean-Vic Chapus vous pourrez retrouver une sélection précise de compositions musicales qui ont marqué le monde du cinéma, de la série mais aussi du jeux vidéo.
Composé de petits encarts richement détaillés sur les différentes BO présentes au sein de films, séries et jeux vidéos, le travail de nombreux compositeurs est mis en avant.
Ici nous vous invitons donc à découvrir les autres facettes des compositeurs cités dans les pages de l’ouvrage Bandes originales. Des facettes présentes dans le livre donc vous ne serez pas trop dépaysé par votre périple au sein de nos lignes.
Hans Zimmer, ici cité pour son travail sur Gladiator de Ridley Scott, Interstellar de Christopher Nolan ou encore The Dark Knight : Le Chevalier Noir du même Nolan, est également reconnu pour son travail de musicien sur certains opus de grandes séries vidéoludiques. Comme contribution majeure nous pourrions vous parler de son apport à la saga Call Of Duty dans l’opus Modern Warfare 2 (qui encore aujourd’hui est, avec Modern Warfare 2019, le meilleur opus de la série et un exemple en matière de narration et de scénario de jeu d’action). Petite anecdote, le comparse de Zimmer, Harry-Gregson Williams avec lequel il avait travaillé sur la BO du très sympathique The Rock de Michael Bay, est quant à lui responsable de la composition sur le précédent opus de Call Of Duty, sur Modern Warfare premier du nom. Modern Warfare 2 a su s’imposer très rapidement dans l’imaginaire collectif grâce à sa BO. En témoigne le nombre de memes sur internet dans lesquels sont présents le morceau Estate Betrayal (quand les personnages de Ghost et Roach se font assassiner par le général Shepherd) lorsqu’un moment triste survient. Mais également le morceau Protocol (lorsque Soap et le Capitaine Price traque le général Shepherd en zodiac sur les rivières afghanes) s’imposant sur des clips internet se voulant ouvertement épiques ou spectaculaires.
Et autre travail fort de Hans Zimmer dans la sphère du jeux vidéo avec Crysis 2. Magnifique BO ayant tout compris à l’ambiance anxiogène et menaçante du jeu, la bande originale atteint son paroxysme lors de la scène final du jeu, avec le morceau Epilogue, lorsque Alcatraz/Prophet (pardon pour le spoiler) se relève des ruines du vaisseau alien tombé suite à la bataille de central park.
Autre magnifique incursion dans le monde du jeux vidéo, celle de Trent Reznor. Dans l’ouvrage il est cité comme le compositeur, lui et son compère Atticus Ross, des scores de The Social Network de David Fincher (le film est un immanquable et le morceau Intriguing Possibilities est très certainement le meilleur de l’album) mais aussi de la série télévisée faisant suite à Watchmen (la fresque épique de Zack Snyder, ou le comic book d’Alan Moore et Dave Gibbons à vous de voir) sobrement intitulée Watchmen.
Ici nous pourrons vous conseiller deux autres visions de l’artiste. Avec d’une première part les thèmes de Quake I du studio ID Software (pères fondateurs du FPS avec Wolfenstein 3D et ce qui encore aujourd’hui une des séries de jeux les plus cultes jamais faite nous avons cité DOOM). Les morceaux de la BO de Quake sont en accord avec la dimension métal et grunge que le studio de développement voulait inculquer au jeu, et c’est à juste titre que Reznor compose les musiques du FPS de ID avec son groupe Nine Inch Nail (groupe de métal industriel américain fondé en 1998).
Puis nous pouvons retenir le featuring opéré par Reznor et Ross avec la chanteuse Karen O sur la reprise de Immigrant Song pour le générique d’ouverture de Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes de David Fincher.
Autre compositeur de génie avec Kenji Kawai, responsable de l’incroyable OST de l’anime Ghost in the shell. Le chef d’orchestre japonais se sera également illustré (dans le mauvais sens du terme pour cette fois) en composant les musiques de l’effroyable long métrage Samouraïs de Giordano Gederlini où un mystérieux samouraï immortel se sert du commerce de jeu vidéo pour se transformer en arme (oui le scénario est complètement absurde, avec en prime la présence de Omar Sy n’échappant pas aux lignes de dialogues légèrement racistes chères aux années 2000). Mais Kenji Kawai est également connu pour avoir donné du son au film d’animation Resident Evil Vendetta ou les bras puissants et musclés de Chris Redfield font équipe avec le brushing impeccable de Leon S. Kennedy. Avec ces deux exemples nous pouvons donc voir qu'en plus de l’animation, Kenji Kawai reste très proche de compositions en lien avec la sphère du jeu vidéo.
Le cinéma et la télévision possèdent une frontière qui se fait de plus en plus floue depuis quelques années, notamment avec l’ère des séries HBO avec des séries comme Frères d’armes (une véritable pépite), Oz, The Wire ou encore True Detective. Et il n’est pas rare de voir certains compositeurs passer du petit au grand écran. Prenons l’exemple de Tyler Bates, ayant oeuvré sur la trilogie John Wick (qui avec les 3 derniers Mission : impossible sont très clairement les meilleurs films d’actions de ces 10 dernières années haut la main) et qui en 2017 a travaillé comme compositeur sur la saison 1 de Marvel’s The Punisher avec, notamment, le score du générique rendant un bien bel hommage au justicier expéditif de chez Marvel.
Enfin, toujours dans cette démarche de passage entre plusieurs médias, nous pouvons citer le génie de la composition : Ramin Djawadi. Dans l’ouvrage de Jean-Vic Chapus, Djawadi est plus ou moins cité pour son travail sur la série HBO Game of Thrones, mais notre cher ami allemand s’est également illustré en travaillant sur des longs métrages comme avec les scores épiques et gonflés aux stéroïdes de Pacific Rim de Guillermo Del Toro (un actionner SF jouissif aidé par une mise en scène intelligente), les thèmes inquiétants, mélancoliques et accrocheurs du chef d’oeuvre télévisuel qu’est Person of Interest ou encore l’OST de l’excellente adaptation en série de Jack Ryan avec John Krasinski (le bon Jim de The Office).
Et troisième corde à son arc, Ramin Djawadi a également composé pour la sphère du jeu vidéo en signant les scores de Medal of Honor 2010 et Medal of Honor Warfighter (bien que inégaux les deux titres ont au moins le mérite de nous proposer pour la première fois un conflit moderne dans la saga) mais surtout une partie des musiques de System Shock II qui, pour l’apparté, sera une immense source d’inspiration pour le futur jeu BioShock de 2K Games (qui reste encore aujourd’hui un chef d’oeuvre de gameplay, de game design, de narration et de design).
Avec ces différents exemples nous aurons tenté de vous montrer que certains des plus grands compositeurs de notre temps possèdent plusieurs casquettes pour le plus grands plaisir de nos oreilles de consommateurs d’images. Nous vous invitons donc à vous plonger dans les différentes oeuvres que nous vous avons partager, en plus de découvrir celles citées dans le très bon Bandes originales de Jean-Vic Chapus.