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Chris Marker (1921-2012)

Une actualité de David Pigeret
Publié le 09/07/2018
La Cinémathèque française rend hommage à ce cinéaste immense à travers une exposition : Chris Marker, l'homme monde du 3 mai au 29 juillet 2018 (une exposition qui voyagera jusqu'au Palais des Beaux-arts de Bruxelles du 19 septembre 2018 au 6 janvier 2019).

Comment parler de cet homme insaisissable, né à Neuilly-sur-Seine ou peut-être Oulan Bator, aux multiples identités (Hayao Yamaneko, Marc Dornier, Sandor Krasna, Kosinki, Guillaume-en-Egypte... plus connu sous le pseudonyme de Chris Marker), qui fut cinéaste, écrivain, journaliste, éditeur, voyageur temporel, photographe, résistant, musicien, chat, chouette, éléphant, vidéaste, producteur... qui «courut le monde et l'admira» (de Cuba, la Californie, en passant par la Guinée-Bissau, les îles du Cap-vert, la Sibérie.... jusqu'au Japon, pays adoré entres tous); qui fut aussi un artiste engagé, sans être un idéologue, résistant, anti-colonialiste, l'initiateur du documentaire Loin du Vietnam, fondateur des collectifs Medvekine, SLON et l'Iskra; qui fut encore un expérimentateur, fasciné par la technologie, utilisant tout les médias de l'image (Super 8, 16mn, photographies, télévision, cd-rom, Internet, installation multi-média...)?
Dire peut-être que les grands thèmes qui irriguent l'oeuvre de Chris Marker furent le Temps, la Mémoire et les Images.
Dans Sans Soleil (1982), son chef-d'oeuvre, il déclare que «l'enjeu du XXème est la cohabitation des temps». Il a sans cesse rêvé de la possibilité d'une coexistence des temps, d'un temps non-linéaire qui serait un lieu mémoriel, d'une «Zone» (nommée en hommage au film Stalker d'Andrei Tarkovski), qui serait un lieu où s'émouvoir, ne pas oublier et peut-être se souvenir du futur. Comment ne pas évoquer son grand film mythique, vertigineux, La Jetée (1962) où le héros qui voyage dans la passé et dans le futur découvre l'impossibilité d'échapper au temps.
Chris Marker aura beaucoup questionné le rôle de la mémoire dans l'histoire de l'Humanité. Il déclara : «j'aurai passé ma vie à m'interroger sur la fonction du souvenir qui n'est pas le contraire de l'oubli mais plutôt son envers. On ne se souvient pas, on réécrit la mémoire comme on réécrit l'histoire». Il ne faut donc jamais en finir de se rappeler, de revoir car on ne sait jamais que l'on filme, comme on ne sait jamais exactement ce dont on se souviendra.
Chris Marker, "bricoleur de cinéma" fut un regardeur, filmant, photographiant sans cesse, curieux du monde et des hommes, voyageant sur la planète Mars, archivant la mémoire du monde, artiste du collage, créateur d'une île appelée Ouvroir dans l'univers virtuel de Second Life...
Comme il fut aussi cet immense artiste, ce grand poète généreux, il nous invite, nous lecteurs, spectateurs, à tracer les «contours de ce qui n'est pas ou plus ou pas encore», à écrire, filmer, photographier, archiver pour «composer notre propre liste des choses qui font battre le coeur»...
Voici une petite bibliographie comme une invitation à voyager dans l'oeuvre profondément originale, facétieuse, vivante, inclassable, poétique et sublime de Chris Marker :
En bonus, un documentaire passionnant sur les génériques des films de Chris Marker :


Bibliographie