Afin d’embrasser la situation dans son ensemble, rien de mieux que plonger aux racines de l’humanité. Dans Sapiens, Yuval Noah Harari dresse un portrait sans concession de Nous, les Sapiens, remettant en cause tout ce que nous pensions savoir sur l’humanité, dans une somme, précise et très documentée, qui se dévore comme un roman policier.  Dominer la planète, unir nos forces pour créer villes et royaumes, inventer l’écriture, les concepts de nations, de religion, de droits de l’homme… Finir par devenir dépendants de l’argent, et esclaves consentants de la bureaucratie et de la consommation de masse. Asphyxiés par nos propres déjections.

Ce constat noir introduit l’ouvrage Zéro Pollution de Yannick Roudaut. L’auteur propose ensuite d’ « en finir avec le déni de nature et de passer au monde d’après ». Chaque année, la pollution tue déjà des millions de personnes dans le monde. Est-ce un mal nécessaire à notre développement économique, une fatalité ? Ce livre démontre que non, proposant des solutions s’inspirant par exemple du biomimétisme avec la photosynthèse : « une journée de soleil c’est une année d’énergie pour l’humanité ! » Produire autrement, lutter contre l’obsolescence programmée, passer du Jetable au Durable. La mort précipitée des produits est-elle une fatalité ? Bien au contraire, les alternatives offertes par l’économie collaborative, circulaires ou basée sur l’usage permettent aux citoyens de retrouver l’autonomie d’un point de vue sociétal, avec des conséquences positives sur l’environnement et le bien commun. Laetitia Vasseur et Samuel Sauvage décryptent avec Anne-Sophie Novel cet enjeu de société dans un ouvrage complet qui invite à repenser sa consommation.

Des solutions qui interpellent et qui ont trouvé leur public. Plus de 2 millions de personnes ont vu Demain, Le film, un documentaire à retrouver en livre jeunesse pour partager avec les enfants ces solutions inspirantes. Avec Demain : les aventures de Léo, Lou et Pablo en quête d'un monde meilleur, Cyril Dion et Mélanie Laurent poursuivent le voyage à la rencontre de ceux qui, engagés vers le zéro déchet, cultivant la terre sans l’abîmer, se nourrissent mieux et révolutionnent jusqu’à l’enseignement, construisant dès aujourd’hui un monde meilleur pour la planète et les êtres vivants.

Ce monde d’après, décrit par Yannick Roudaut à la fin de Zéro pollution, dans un joli conte évoquant, le temps d’un rêve, le bon vivre en mai 2070 dans un Paris rendu à la biodiversité - entre autonomies alimentaire et citoyenne -, aux makers et au temps retrouvé. Mais qu’en  est-il du monde plus proche ? Superbement documenté par Virginie Raisson et son équipe, 2038, les futurs du monde est un album prospectif sur « l’avenir à livre ouvert ». Entre présages que le futur vérifiera, mutations des territoires et flux migratoires, vieillissement de la population, explosion des réseaux de communication, « Le futur est déjà là, mais il est inégalement réparti », nous dit William Gibson. La planète souffre, les hommes aussi. Les crises s’annoncent, fin de la démocratie (ou révolution ?), numerus clausus et nouvelles raretés (« À l’échelle mondiale, le sable et le gravier sont les ressources les plus demandées après l’air et l’eau) ; alors que de nouvelles technologies apparaissent pour des transports révolutionnés (avec l’Hyperloop ®)… Donc faire mieux avec moins. Entre autres défis, l’économie du partage devra trouver les moyens de rétablir l’équité. Et le succès croissant des monnaies complémentaires repose sur la reconnexion du citoyen à l’économie réelle. Des cartes qui lisent tous les futurs, indispensables à notre compréhension actuelle du monde qui vient.

Catherine Dauriac pour Ecolo-Info