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Conditions féminines

Publié le 05/11/2003
Les femmes ne sont pas des hommes comme les autres

Il est évident que la condition féminine s'est améliorée avec le temps, tout comme les conditions de vie de tous se sont améliorées : accès à l'alimentation, aux soins, à l'enseignement. Cependant les femmes ne reçoivent pas toujours et partout leur part de cette amélioration. Et, si les mouvements féministes existent toujours s'est bien pour dénoncer les différences et les exploitations qui touchent les femmes encore aujourd'hui. Celles-ci n'ont rien de communes entre les sociétés : cela va de la simple différence de salaire entre homme et femme dans une entreprise jusqu'à l'esclavage, l'exploitation sexuelle, ou la montée des intégrismes religieux qui réduit la femme à l'état de chose.

Les chercheurs, essayistes, sociologues, psychologues et ethnologues s'interrogent eux aussi sur cette condition féminine et plus largement sur la place de la femme dans la société. Voici quelques unes de leurs productions :

L'ouvrage de Joni Seager se veut encyclopédique sur le sujet.  L'Atlas des femmes dans le monde s'intéresse à la réalité des conditions de vie des femmes. Six chapitres pour faire le tour de la question : la famille, les droits à la naissance, les politiques du corps, le travail, les biens, le pouvoir. Des données en chiffres, des réflexions qui font de cet ouvrage un outil indispensable à qui s'intéresserait au sujet.
Ou l'on apprend, par exemple, que la scolarité des filles reste encore très précaire en Afrique, le taux le plus bas étant détenu par le Niger avec 23% des filles scolarisées, que les femmes ne sont jamais représentées à hauteur de 50% dans les instances de pouvoir, la moyenne mondiale étant de 14,5%.

Elisabeth Babinter s'intéresse depuis longtemps aux rapports homme/femme, à la place et au rôle de chacun, aux problèmes d'identité qui en découlent. Dans Fausse route, elle dénonce le "nouvel ordre moral" que veulent instaurer les féministes depuis une quinzaine d'années. A l'origine du mouvement féministe français, elle prend ici une nouvelle fois position dans un ouvrage très argumenté.

Avec ce deuxième volet de Masculin/Féminin, Françoise Héritier tente de "dissoudre la hiérarchie".
Le premier volet était dévolu à l'examen des croyances qui justifient la disqualification permanente du sexe féminin. En effet, son approche anthropologique de la chose, lui permet de montrer que depuis la "nuit des temps", la différence sexuelle a toujours été hiérarchisée, la femme étant inférieure à l'homme. A ce propos elle va même jusqu'à créer le concept de "valence différentielle des sexes" où comment les différences biologiques, évidentes, servent à établir une hiérarchie qui instaure une inégalité. Cette dévalorisation du féminin donnerait à l'homme le pouvoir du contrôle de la reproduction. Entre peurs d'hier et croyances d'aujourd'hui, Françoise Héritier propose des solutions pour sortir de ce piège hiérarchique.

Les écrits de Nathalie Heinich portent sur les femmes depuis déjà quelques années : Etats de femme, Gallimard, 1996, Mères-filles une relation à trois (avec Caroline Eliatcheff), Albin Michel, 2002.
A travers les quelques textes rassemblés ici, elle montre qu'en matière d'émancipation les choses sont complexes et qu'on peut vouloir une chose et son contraire d'où "l'ambivalence" du titre : émancipation et servitude, autonomie et protection, liberté sexuelle et dépendance affective. Le but de cet ouvrage serait alors d'expliquer et de comprendre ces contradictions plutôt que de les dénier.

Françoise Lapeyre est partie pendant deux ans à la rencontre de Femmes seules retirées loin des villes. Elle a obtenu leurs témoignages, a essayé de comprendre leur choix. On sait que la France est de plus en plus "célibataire", et on s'intéresse souvent aux célibataires des villes. Ici seule veut dire seule, au milieu de rien, avec ce que cela implique de peur et de dénuement. Des témoignages bouleversants...

Où l'on se repose la question du travail des femmes.
C'est à une grande enquête, très documentées, que nous invite Marie-Paule Dousset. Témoignages, chiffres, un véritable état des lieux de la femme au travail. Et il semble qu'il reste encore beaucoup à faire : inégalité des salaires, femmes aux postes de responsabilité et de pouvoir, et même, encore plus simplemen,t accès à la vie active de la mère de famille. Alors Au boulot les filles.

Ni putes, ni soumises est un mouvement de femmes né au printemps 2002, après la mort de Sohane, jeune fille de la banlieue. De ce mouvement est parti une marche " contre les ghettos et pour l'égalité", c'est aujourd'hui un livre qui raconte cette expérience. Fadela Amara y évoque son parcours et son engagement. Un constat amer de la dégradation des rapports entre les garçons et les filles des cités.

De Bas les voiles ! c'est encore Chadortt Djavann qui en parle le mieux : "j'ai porté dix ans le voile. C'était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle". A lire

Hélène Jacquemin Le Vern s'intéresse à la femme dans ce qu'elle a de plus intime : son sang.
Une étude ethnologique des règles, Le sang des femmes comme déterminant de leur féminité, comme le passage du monde de l'enfance à celui de l'age adulte, comme un cycle qui revient ou pas. Pourtant, que l'on ne s'y trompe pas, le sang caché des femmes est aussi régi par des "règles" sociales... Un regard ethnologique donc, mais aussi un livre didactique pour un sujet encore tabou dans certaines familles auquel jeunes filles et femmes plus âgées pourront se référer.

Encore un regard anthropologique et un sujet tabou pour ce dernier ouvrage : les mères adolescentes. Il y a peu de témoignages sur ce sujet. Nelly Carpentier a d'abord travaillé dans un "centre maternel" où elle a rencontré ces adomamans et leurs enfants. Qui sont-elles ? Comment réagissent-elles a leur maternité ? Quel regard porte leur entourage sur elles ? sur leur enfant ?

Autant de témoignages où l'on sent à quel point ces jeunes mamans sont vulnérables.

Avez-vous remarqué que seules les femmes écrivent sur les femmes ?
Un signe des temps ? Ou bien ces questions là n'intéresseraient-elles pas les hommes ?