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Emil Cioran (1911-1995)

Publié le 15/04/2011
Entre hommage et édition inédite, nous fêtons en 2011 le centenaire d'un philosophe atypique, Emil Cioran.
Émil Michel Cioran est né à Rasinari, petit village isolé des Carpates en Roumanie, le 8 avril 1911, d'un père de confession orthodoxe. Très jeune, il découvre Nietzsche, Dostoïevski et Schopenhauer qui auront une grande influence sur sa pensée. Il suit des études de philosophie à l'université de Bucarest et fait une thèse sur Bergson. À vingt ans, il est en proie à une grave crise morale et décide de devenir écrivain afin d'atténuer « une sorte de pression intérieure ».

Son premier livre, Sur les cimes du désespoir, paraît en 1933. Cioran y dénonce comme autant d'illusions les justifications que se donnent les hommes pour conférer un sens à leur existence. Les années suivantes, il ressent de plus en plus fortement le besoin de quitter la Roumanie. En 1937, envoyé en France par l'Institut français de Bucarest, il s'installe à Paris où il apprend le français, bien décidé à écrire dans cette langue. Son premier livre en français, Précis de décomposition, paraît en 1949. Il y écrit : « Ce qu'il faut détruire dans l'homme, c'est sa propension à croire, son appétit de puissance, sa faculté monstrueuse d'espérer, sa hantise d'un dieu. »
D'une écriture extrêmement précise et usant d'aphorismes comme les penseurs du XVIIIe siècle, Cioran n'aura de cesse d'examiner au microscope la souffrance d'exister en situant le désespoir au cœur même de toute véritable réflexion philosophique. Dans Syllogismes de l'amertume en 1952, du premier au dernier paragraphe, une même obsession s'affirme : celle de conserver au doute le double privilège de l'anxiété et du sourire. La tentation d'exister (1956) n'est qu'une protestation contre la lucidité, une apologie pathétique du mensonge, un retour à quelques fictions salutaires. II se tourne ensuite vers l'histoire collective dans Histoire et utopie (1960) pour conclure que tout essor, tout excès mettent la liberté en péril, tout délire neuf s'achève en servitude. En 1969, il consacre un essai, Le mauvais démiurge, à réfléchir sur l'impossible conciliation entre l'idée de Dieu et l'omniprésence du Mal. Malgré des pages très sombres, il conclut pourtant : « Nous sommes au fond d'un enfer dont chaque instant est un miracle. » Se tenant résolument en marge de ses contemporains, il publie quatre ans plus tard De l'inconvénient d'être né, puis Écartèlement en 1979, Aveux et anathèmes en 1986.

Émil Michel Cioran meurt à Paris en juin 1995. Grand penseur moderne, Cioran a laissé une œuvre dans laquelle il souhaitait que chaque livre bouleverse et remette tout en question, sapant ainsi les fondements du confort intellectuel.


© Article recueilli sur le site de Gallimard (www.gallimard.fr), l'éditeur principal de l'œuvre d'Émil Cioran, dont nous fêtons également le centenaire cette année, en particulier à la librairie où nous organisons en ce moment même un véritable « mois de mai Gallimard »...

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