Aux États-Unis, on a pris l’habitude d’écrire l’histoire du féminisme en la scandant par « vagues ». La métaphore implique l’idée d’une intense poussée d’activisme, suivie de décennies de consolidation – ou de retraite, le fameux « backclash ».
Première vague
La Convention de Seneca Falls de 1848 marque la date de naissance du féminisme aux États-Unis. C'est la première convention pour le droit des femmes ayant réuni de grandes figures du féminisme et de abolitionnisme avec pour finalité la rédaction de à la déclaration de sentiments (Declaration of Sentiments) affirmant le droit pour les femmes d'accéder au statut plein et entier de citoyenne.
En août 1920, le droit de vote est accordé aux femmes. Paradoxalement, les luttes pour les droits des femmes perdent de leur ampleur sauf dans le domaine de la discrimination raciale.
Deuxième vague
La deuxième vague, elle, s’élance en 1966, avec la fondation de la National Organization for Women (NOW) par Pauli Murray et Betty Friedan en 1966. La publication de La Femme Mystifiée en 1963 a un rôle direct dans ces événements. Ces différents mouvements dénoncent les privilèges masculins en matière d’éducation, d’emploi, de protection par la loi. C’est une vague sociale et égalitariste qui culmine avec l’interdiction de la discrimination dans l’emploi et le droit à l’avortement, actés par la Cour suprême, en 1973. On peut également signaler la création de Ms. Magazine par Gloria Steinem et Dorothy Pitman Hughes.
On sépare par facilité les deux premières vagues mais à aucun moment les féministes américaines ne cessent de lutter pour l'égalité des droits même si on retrouve différentes tendances parfois antagonistes.
Différents mouvements vont préparer l'intersectionnalité (personnes subissant simultanément plusieurs formes de dominations à la fois). On pense au black feminism qui stipule que les femmes noires sont soumises à différentes oppressions qui s'additionnent. Une militante comme Angela Davis y ajoute une vision marxiste avec une autre oppression, celle du capitalisme.
Troisième vague
Dans les années 1990, le féminisme devient multiculturel et fusionne avec les mouvements identitaires. La pop culture en devient un relais essentiel. Des champs nouveaux sont investis massivement par ces nouvelles féministes (espace médiatique, blogs, fanzines...). Le mouvement du Riot grrrl en est un exemple.
On peut aussi citer la série Girls de Lena Dunham qui a porté l’élan générationnel d’un nouveau féminisme
Et comment ne pas évoquer le mouvement #MeToo, à la fois mouvement féministe et sa première expérimentation globale de la dénonciation technologique populaire qui peut être aussi vu comme une continuité et un sursaut de tous ces mouvements féministes.
« Cette lutte est donc sans trêve ? Je dirais que nos luttes mûrissent,
qu’elles produisent de nouvelles idées,font surgir de nouvelles questions et
ouvrent de nouvelles voies à notre quête de liberté.
Comme Nelson Mandela, il nous faut être prêts à accepter ce long chemin vers la liberté »
Angela Davis