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Hervé Guibert, la pudeur ou l’impudeur

Une actualité de Charline
Publié le 29/12/2022
« A l'envoûtement de l'écriture succède un désenvoûtement, le vide. Quand je n'écris plus je me meurs. » Hervé Guibert

A l’occasion de la publication de Hervé Guibert, l'envers du visible (sous la direction de Vincent Jacques, ed. Créaphis), ainsi que pour la  commémoration de sa mort, revenons sur l'œuvre d’Hervé Guibert, pionnier audacieux de l’écriture de soi et du corps, malade ou amoureux. 

Journaliste au journal Le Monde, Hervé Guibert publie son premier recueil à l’âge de 21 ans, nommé La Mort propagande (1977) : un autoportrait féroce et troublant, un clair-obscur littéraire qui révèle son sens de la provocation, de la séduction, de la violence et de la sensibilité. Déjà, il chérit l’autofiction, la remanie pour se mettre en scène et amorce les thèmes qui hanteront sa narration : le déclin du corps, la jouissance de la vie et la quête d’un absolu. Ce premier titre déjà subversif donne son nom à  un film-documentaire, diffusé pour la première fois en 1992, où l’écrivain-photographe  met brutalement en scène les derniers moments de sa vie. (https://www.youtube.com/watch?v=DPgHcR-qr0s), 

En 1990, il publie son chef-d'œuvre A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, roman autobiographique où il révèle sa séropositivité et la documente. Le premier chapitre fait rapidement scandale et attire une attention nouvelle sur son œuvre : “ J’ai eu le sida pendant trois mois. Plus exactement, j’ai cru pendant trois mois que j’étais condamné par cette maladie mortelle qu’on appelle le sida. (...) De même que je n'avais avoué à personne, sauf aux amis qui se comptent sur les doigts d'une main, que j'étais condamné, je n'avouai à personne, sauf à ces quelques amis, que j'allais m'en tirer, que je serais, par ce hasard extraordinaire, un des premiers survivants au monde de cette maladie inexorable.” 

Ce faux-remède littéraire occasionne un passage dans l'émission “Apostrophes”, offrant une visibilisation inédite de l’épidémie de SIDA auprès du grand public. (https://www.youtube.com/watch?v=en9OWEvf_Cw)

Hervé Guibert meurt du SIDA en décembre 1991, laissant derrière lui une œuvre photographique importante, un scénario (L’Homme blessé, César du meilleur scénario en 1884), ainsi que de nombreux romans parmi lesquels Mes parents (1986) ou L’Incognito (1989). Les Éditions Gallimard publient à titre posthume son testament littéraire, Le Paradis, “un livre rapide, urgent, sans transitions, et pourtant délicat, subtil, nuancé, amoureux” (Marie Darieussecq, Senso n°29, 2007). Christine Guibert, épouse de l'écrivain, veille désormais à la défense et la mémoire de son œuvre : l’exposition internationale Hervé Guibert, “This and More" présentée par le California College of the Arts voyagera à Rome et à Berlin en 2023. 

Les œuvres d'Hervé Guibert

Autour d'Hervé Guibert

De la séropositivité au texte