La Traumdeutung de Freud se lit comme un roman où l’enquête sur le signifiant qui ne porte pas encore ce nom se découple pour la première fois d’une quête de la signification avec sa batterie d’explications plus ou moins oraculaires. Mais surtout, précise Jacques-Alain Miller dans Illuminations profanes, scandaleusement, Freud balaye la conscience de soi et l’héritage cartésien du cogito.
Avec l’interprétation des rêves, le « je » est démantelé de son attelage de la pensée. S’ouvre le champ de l’inconscient qui révèle qu’au cœur de l’existence de chacun règne un « je ne sais pas, je ne sais pas ce qui m’arrive, je ne sais pas ce que je pense. » Du rêve interprétation au rêve écriture, il y a à la fois les enjeux de l’histoire de la psychanalyse de Freud à Lacan et, bien entendu, ceux de l’expérience analytique au cours d’une cure.
Plus d’un siècle plus tard, le rêve, formation emblématique et voie royale de l’inconscient à l’origine de la psychanalyse, nous invite, à l’instar du psychanalyste Éric Laurent, à nous poser cette question : « quel est le nouveau dans l’interprétation des rêves ? », énoncée dans son texte préparatoire au XIIème congrès de l’AMP qui aura lieu à Buenos Aires du 13 au 17 avril 2020, intitulé « Le rêve. Son interprétation et son usage dans la cure ».