On ne compte plus les adaptations d'oeuvres littéraires portées à l'écran, avec plus ou moins de bonheur. Transposer les mots en images relève en effet de la gageure : le lecteur qui a déjà lu le livre s'est projeté son propre film au filtre de l'imaginaire et l'écran de cinéma lui paraît souvent trompeur... De nombreux cinéastes se sont essayés à ce périlleux exercice, notamment dans le genre du roman policier, en voici un aperçu avec les titres ci-dessous (liste sans prétention exhaustive !).
David Goodis : Rue Barbare
Souvent décrit comme un auteur maudit, David Goodis a fait le bonheur de
nombreux réalisateurs, français en particulier, comme François Truffaut avec
Tirez sur le pianiste ou Jean-Jacques Beineix pour l'adaptation de La
Lune dans le Caniveau. Gilles Béhat adapte quant à lui Rue Barbare,
roman alors connu en France sous le titres Epaves. Ce film bénéficie de la présence de Bernard
Giraudeau, de Christine Boisson ou encore de Jean-Pierre Kalfon... Pourtant, on
notera combien il est difficile de retranscrire les ambiances obscures et
désespérées (désespérantes ?) de Goodis, alliées à une complexité psychologique
de ses personnages, hantés par leur passé, rongés par l'alcool et parfois les
drogues. Chester Lawrence - alias Daniel Chetman dans le film (Bernard
Giraudeau) - transgresse l'une des règles qu'il s'est fixée et adresse la parole
à la victime d'un viol perpétré par l'ignoble bande qui règne sur la Rue. Dès
lors, une lente descente aux enfers commence et les vrais visages de ses proches
se dévoilent, alors que les démons qui hantaient Chester refont surface. Bien
que velléitaire, il commence à lutter pour défendre sa vie et se retrouve dans
une autre spirale qu'il ne maîtrise pas réellement...
Jean-Christophe Grangé : Les Rivières
pourpres
En 1998 sort en librairie le polar de J-C
Grangé, qui reçoit un accueil phénoménal. Deux ans plus tard, il est adapté au
cinéma par Mathieu Kassovitz, avec Jean Réno, Vincent Cassel, Nadia Farès,
Dominique Sanda... C'est là encore un énorme succès (plus de trois millions
d'entrées en France, sans parler des ventes à l'étranger). L'intrigue : un tueur
en série qui laisse derrière lui des cadavres atrocement mutilés. Deux enquêtes
en cours vont réunir un duo de flics de choc, Pierre Niémans et Karim Abdouf,
personnages tous deux atypiques : le commissaire principal Niémans n'hésite pas
à faire des entorses au règlement, et son jeune collaborateur est un ancien
délinquant devenu flic. La violence rôde aussi bien dans les rangs de la police
que du côté des assassins... Un thriller "à l'américaine", efficace et rythmé,
régi par la violence et le sang, qui s'inscrit dans une topologie aussi
contrastée qu'un décor de haute montagne, un cimetière, une université à
l'architecture nazie.
Une suite est annoncée pour janvier 2004 par le
réalisateur Olivier Dahan sur un scénario écrit par Luc Besson.
Davis Grubb : La Nuit du chasseur
Film mythique ! Poussé par la crise économique qui sévit
aux Etats-Unis dans les années trente, Ben Harper, afin de nourrir sa femme et
ses deux enfants, commet un hold-up et tue deux hommes. Il confie le magot à son
fils John sous le sceau du secret. Avant son exécution, il partage sa cellule
avec Harry Powell dit le Prêcheur - incarné par Robert Mitchum dans le film de
Charles Laughton - qui cherche absolument à savoir où est caché le butin. Le
Prêcheur, lors de sa sortie de cellule, continue la mission qu'il s'est fixée et
séduit la veuve de Ben Harper dans l'unique but de s'approprier l'argent du
casse. Grâce à ses prêches habités rendus fascinants par les tatouages sur ses
doigts - les fameux love et hate - et la gestuelle hypnotique de
ses mains, il trompe toute la communauté et se présente comme un rédempteur...
Pourtant, les enfants se méfient de cet homme et s'enfuient lors de la
disparition de leur mère, assassinée par le psychopathe Harry Powell. Commence
alors une course poursuite à travers des états durement touchés par la Grande
Crise, les enfants sont recueillis par une vieille dame qui les aidera à
confondre l'immonde Prêcheur...
Seule réalisation de Charles Laughton, ce film est aussi
un des plus grands rôles de Robert Mitchum, grâce à l'adaptation d'un des romans
noirs les plus étonnants de son époque !
NB.Vous trouverez en fin d'article (page 3)
une monumentale bibliographie de polars portés à
l'écran.
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