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Les cagots, exclus et maudits des terres du sud...

Publié le 16/04/2003
Encoère que Cagots siamEncore que nous soyons Cagots,Nou nous en dam !nous ne nous en faisons pas !Touts em hilho deu pay Adam !Nous sommes tous fils du père Adam !

Les cagots : voilà un groupe d'humains qui subira pendant près de dix siècles une mise à l'écart, du Sud-Ouest jusqu'en Navarre.

"Leur origine reste mystérieuse, plusieurs thèses sont évoquées, allant de wisigoths battus par Clovis à Poitiers, aux Sarazins, juifs, cathares, lépreux…Il est cependant probable qu'ils soient les descendants d'un peuple vaincu par les armes.
Le nom même de " cagot " est d'origine incertaine, il peut venir de " cangoth ": les chiens de Ghoth. On retrouve aussi les termes de Gézitain, Chrestians, Gahets, Capots, Agots…
" (1)

Le texte de René Descazeaux , Les cagots histoire d'un secret, essaie d'ouvrir de nouvelles voies logiques et cohérentes, et de lever le voile sur l'énigme cagote. Dans une première partie, il développe l'histoire de leur rejet en nous rappelant les thèses précédentes. Il nous présente, ensuite, ses propres pistes de recherches. Elles lui permettent de localiser les "parias de l'Occident" de la Bretagne au Pays Basque et cible donc leur présence sur les chemins pèlerins de Compostelle. Il s'intéresse aussi à la seule activité qu'ils pouvaient exercer celle de charpentier ou des métiers du bois, dans laquelle ils constitueront une corporation puissante et organisée, d'où pour l'auteur leur origine compagnonique.

L'approche essentiellement anthropologique dePaola Antolini démontre comment l'accumulation des croyances, des traditions et des mythes s'est superposée à la réalité historique pour concourir au processus d'exclusion de ce groupe.

Texte essentiel, Au delà de la rivière ébauche une comparaison avec les "intouchables" du continent indien. Elle approfondie sa recherche sur l'histoire de cette marginalité par une étude de l'organisation de l'espace de l'exclusion située à la périphérie du village.

Elle tente alors de répondre à certaines questions : Comment des procédés discriminatoires s'installent et évoluent dans une société ouverte ? Comment se sont instaurés des critères de séparation envers une communauté, signalée par une marque d'appartenance : la patte de canard ou le tissu rouge cousu sur l'épaule ou le poitrail ?

Sous une forme romancée, Madeleine Mansiet-Berthaud, choisit plutôt l'épopée historique pour cette histoire peu commune, aussi curieuse par sa nature que par sa durée.

Son héros Guillerm, jeune cagot idéaliste, s'insurge avec force contre l'intolérance dont ces "pestiférés" sont victimes jusqu'à l'affranchissement de leur condition, en 1683, par Louis XIV.

L'énigme des cagots aux éditions Sud- Ouest est quand à lui un autre texte documentaire portant en particulier sur le pays gersois.

Une histoire de la lèpre peut conclure cette recherche si l'on souhaite redécouvrir le processus de fabrication d'une exclusion. Rejetés parce que contagieux, les lépreux étaient les "morts vivants" du moyen âge. Leur calvaire, annoncé par le son des crécelles, a traversé des décennies jusqu'à se confondre avec le destin des cagots.

Mais, les cagots ont toujours cherché à se soustraire avec détermination aux normes qui les reléguaient en marge de la société. Ils n'y a pas si longtemps qu'ils y sont parvenus. Il est enfin fini le temps où on les reconnaissait à leurs oreilles dépourvues de lobes, à leur odeur, à leurs yeux bleus ou lorsqu'ils se mouchaient car rien ne sortait de leur nez !

Blandine Daurios

Bénitier des cagots
Eglise de Saint-Savin (65)
Bénitier des Cagots

 

(1) Source : originepyrenees.com
Illustration en haut de page : tête sculptée au fronton de la maison d'un cagot à Hagetmau (40).