Déchiffrer le système des objets, c’est ainsi questionner notre rapport à l’appropriation et la distribution de nos sociétés : le capitalisme et la mondialisation prennent des “couleurs, des substances, des volumes” (Baudrillard) et s’entrevoient dans un gadget, une brosse à dent, un grille-pain ou un pare-brise à remplacer. L’objet transcende sa fonctionnalité première pour devenir une “mythologie” (Barthes) : un système où se forment les cultures de masse et se glissent les idéologies, un langage à déchiffrer. De la montre au drone télécommandé, du thermomètre à la fusée spatiale, que disent les objets des progrès scientifiques et technologiques de nos sociétés ? Les objets sont-ils vraiment des progrès ? Que disent-ils de nos désirs, de nos expériences individuelles et collectives du monde ?
Au-delà d’un miroir tendu à nos usages et de nos modes de consommation, penser notre rapport à l’objet impose cet aller-retour passionnant entre le fantasme prométhéen de la délivrance technique et l’asservissement à une société consumériste. De l’épopée féministe du cintre à l’aventure hygieniste et néo-libérale du gobelet, penchons-nous sur la révolution matérielle des objets qui façonnent notre monde autant qu’ils nous façonnent.