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Marc Bloch : un historien engagé pour son pays et pour l'histoire

Une actualité de Jean-Marc
Publié le 11/07/2022
Le rayon histoire vous propose de redécouvrir la vie et l'œuvre d'historiens ou d'historiennes qui ont profondément marqué leur discipline. Commençons cette traversée avec le grand médiéviste Marc Bloch.
Marc Bloch est né le 6 juillet 1886 à Lyon, dans le monde universitaire : fils d'un normalien, lui-même normalien, il choisit tôt l'histoire médiévale après avoir fait plusieurs voyages en Allemagne, à Berlin et à Leipzig. Il se familiarise donc avec les travaux et les méthodes de l'école historique allemande, marqué notamment par la sociologie durkheimienne.

Après avoir connu les effervescences politiques et intellectuelles de la Belle Époque (l'affaire Dreyfus, la montée du nationalisme), il est mobilisé en août 1914, dès les premiers jours du conflit comme sergent d'infanterie. La guerre constitue une longue parenthèse, une épreuve mais aussi un apprentissage dont il retiendra beaucoup et qu'il évoquera souvent par la suite. Il la termine comme capitaine après avoir été cité quatre fois à l'ordre de l'armée et avoir reçu la croix de guerre.

En 1919, Bloch est, tout comme un certain Lucien Febvre, nommé à l'université de Strasbourg, comme chargé de cours d'histoire du Moyen Age. En 1920 paraît sa thèse de doctorat d'État, Rois et Serfs, un chapitre d'histoire capétienne, unanimement reconnue comme un renouvellement majeur de l'histoire politique médiévale. Il ne quittera l'université de Strasbourg qu'en 1936 pour la Sorbonne, après avoir échoué deux fois au Collège de France, mais c'est là qu'il aura accompli l'essentiel de son œuvre d'enseignant et de chercheur. C'est d'ailleurs à Strasbourg qu'avec Lucien Febvre qu'il conçoit, lance et réalise, à partir de 1929, les Annales d'histoire économique et sociale. Véritable projet d'avant-garde, la naissance de cette revue transdisciplinaire constitue une véritable révolution épistémologique.

C'est au cours de cette période féconde que Marc Bloch écrit un livre pionnier d'histoire des mentalités : Les Rois thaumaturges (1924). Sa publication signe la naissance de l'anthropologie historique. Il y analyse un rite constitutif de la monarchie française : le toucher des écrouelles. Il est également un grand spécialiste de l'histoire rurale, à laquelle il consacre une étude de premier plan : Les Caractères originaux de l'histoire rurale française (1931). Mais son maître ouvrage reste sans conteste La Société féodale (1939-1940), le dernier grand livre publié de son vivant duquel se dégage une maturité et un esprit de synthèse caractéristique de ce grand médiéviste.

A l'été 1939, il est mobilisé sur sa demande comme capitaine d'état-major alors que son âge et ses charges familiales pouvaient l'en dispenser. Contempteur de son époque, il rédige au cours des semaines qui suivent la débâcle une analyse touchante et incisive de ce désastre militaire et national : L'Étrange Défaite. En 1943, il entre complètement dans la vie clandestine et dans la résistance active en intégrant le réseau Franc-Tireur. Le 8 mars 1944, il est arrêté et torturé par la gestapo. Il est exécuté à Saint-Didier-de-Formans, près de Lyon, en juin 1944.

En 1949 est publié Apologie pour l'histoire, ou Métier d'historien, un manuscrit inachevé de Marc Bloch. Il y théorise sa propre vision de l'histoire tout en y léguant une leçon de méthode et une déclaration d'amour à cette discipline. Réédité à de nombreuses reprises grâce au concours de son ami Lucien Febvre, ce livre constitue encore aujourd'hui un vade-mecum incontournable pour tout apprenti-historien et son auteur un grand modèle.

L'œuvre de Marc Bloch : l'histoire est un métier