Le chemin vers la démocratisation au début des années 1990-2000 aura été long pour l'Amérique Latine. Avec pas moins de 12 élections présidentielles entre 2005-2006, l'Amérique du Sud rentrait dans une période de mutations politiques. Les victoires emblématiques de Lula au Brésil, de Hugo Chavez au Venezuela, ou de l'Indien Morales en Bolivie témoignaient de la forte participation des plus pauvres et des exclus à la vie politique qui, jusque-là, était réservée à l'élite et aux grands propriétaires terriens. Le temps des dictatures semblait bien loin et le continent pouvait encore rêver d'unité.
Mais depuis un peu plus de deux ans, des pays comme l'Argentine, le Brésil, le Mexique et le Venezuela font régulièrement la une de l'actualité internationale sur fond d'incertitudes économiques, sociales et politiques. La chute du prix des matières premières, notamment du pétrole, tourne à l'avantage des consommateurs mais pas des producteurs, et le budget des États repose en grande partie sur les ventes d'or noir, de minerais et de produits agricoles. La bataille contre la pauvreté engagée dans les années 2000 avec le lancement d'ambitieux programmes sociaux s’essouffle aujourd'hui. Enfin, nombre de scandales politiques fragilisent aujourd'hui la paix sociale. Le Venezuela en est le triste exemple avec de nombreuses scènes de guérillas urbaines où l'on n'en finit plus de compter les morts parmi les manifestants... Le pays est au bord de l'implosion et de la faillite qui menace toujours.
L'Amérique latine succombera-t-elle à ses anciens démons – les dictatures, le clientélisme et la violence – ou aura-t-elle suffisamment de résilience pour consolider son processus démocratique ?
Quoi qu'il en soit, ce continent, « si loin de Dieu et si près des États-Unis » selon la formule de Porfirio Diaz devra affirmer sa voie singulière au milieu d'un monde peuplé d'incertitudes.