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Simone Weil, la philosophie sous le signe de l'engagement

Une actualité de Lucas
Publié le 25/05/2022
À l'occasion du programme des prépas scientifiques 2022/2023 autour du thème du travail, et notamment "La condition ouvrière" de Simone Weil, nous avons décidé de mettre en avant cette illustre philosophe du XXe siècle et de poser cette question simple : c'était qui ou plutôt c'était quoi Simone Weil ?
Simone Weil c'est tout d'abord une naissance à Paris en 1909 dans une famille d'origine juive alsacienne. C'est un père, Bernard Weil, chirurgien, mobilisé pour la Première Guerre mondiale et s'en suit alors différents déménagements dûs aux différentes affectations. 
Elle recevra une éducation agnostique, aucune éducation religieuse. Très rapidement elle montrera des signes de compassion envers les plus démunis puisqu'elle aurait envoyé au front de la nourriture quand elle eût appris les souffrances des soldats.

Simone Weil, c'est ensuite des études de philosophie à Paris en 1925, au lycée Henry IV en hypokhâgne, elle aura notamment le philosophe Alain comme professeur qui sera une rencontre décisive. 
En 1928, à 19 ans, elle fait son entrée à l'École normale supérieure, reçoit l'agrégation en 1930 et devient professeur au lycée du Puy-en-Velay. C'est à cet endroit-là que commence véritablement ses engagements. En effet, elle va participer à un mouvement de grève dû à des baisses de salaires et l'augmentation du chômage. Elle va écrire dans différentes revues révolutionnaires, et va décider de réduire complètement son salaire afin d'expérimenter au plus proche ce que vivent les chômeurs. Comprendre la condition des plus démunis est le combat que fera jusqu'au bout Simone Weil. Elle écrit aussi dans des revues marxistes critiquant le régime de Staline. Elle va passer un séjour en Allemagne afin de comprendre comment le nazisme a pu prendre une telle ampleur. 

C'est en 1934 qu'elle entreprend l'expérience de la condition ouvrière. Elle obtient un congé d'un an qu'elle va mettre au profit en se faisant engager dans une entreprise de l'actuelle multinationale Alstom. Elle fera face à l'angoisse du chômage, du rythme effréné de la productivité, des conditions de travail rudes, de l'oppression du travail à la chaîne. Elle expérimentera plusieurs usines et tout cela mis bout à bout donnera naissance à l'une de ses oeuvres majeures La condition ouvrière en 1937 dans lequel elle posera le rapport entre l'homme et la technique et l'aliénation de cette dernière face aux libertés de ce premier. 
Ce travail d'enquête philosophique aura pour effet d'augmenter les problèmes de santé de Simone Weil, qui étaient déjà depuis son enfance présents, la poussant à arrêter. Elle reprendra alors son travail d'enseignante mais continuera à participer à des mouvements de grève. 

Elle reprend son engagement en août 1936 lorsqu'elle décide de s'engager à la guerre d'Espagne. Elle-même ne supportant pas la guerre ne peut se décider à rester à l'écart et ne rien faire. Elle ne portera d'ailleurs pas les armes. Elle s'engagera auprès de groupes anarchistes et révolutionnaires. Elle sera alors confrontée à la barbarie de la guerre et la dénoncera. Pour elle, même au profit de la révolution rien ne justifie la sauvagerie et barbarie. Elle entretiendra durant cette période une correspondance avec l'écrivain Georges Bernanos. Les horreurs auxquelles elle sera confrontée lui feront comprendre les limites du mouvement anarchiste et finira par s'en détacher. Les images de la guerre ne fera qu'accentuer encore son empathie pour le malheur des gens. L'expérience du malheur l'aura marquée jusque dans sa chair. 

Revenue d'Espagne, l'événement qui bouleversera la vie de Simone Weil fut son expérience mystique. En effet, élevée dans une famille agnostique, elle apprend la douleur du Christ et la confronte aux sentiments qu'elle avait déjà éprouvés. 

En 1940, à cause du nazisme, elle partira avec sa famille à Marseille pour s'y réfugier. Elle entreprendra l'écriture de ses Cahiers. C'est à cette époque aussi qu'elle s'engagera dans la Résistance. 
En 1942, il faut alors fuir jusqu'aux États-Unis. Elle n'y restera pas longtemps, toujours pour le motif d'être dans une situation trop confortable alors que le monde est en guerre. Elle part alors en Grande Bretagne le haut lieu de la Résistance en 1942 et travaillera comme rédactrice pour le mouvement. Elle rédigera un autre de ses textes fameux, Note sur la suppression générales des partis politiques dans lequel elle réfléchit la notion de nécessité comme étant un outil élémentaire pour une potentielle réorganisation politique de la France. Mais c'est surtout à cette période qu'elle rédigera son œuvre majeure L'enracinement. Ouvrage qualifié comme important par Annah Arendt et dont la publication sera due à Albert Camus acclamé aussi par celui-ci. 

Mais ces travaux ne la satisferont pas. En effet, celle-ci souhaite encore et toujours être au plus prêt de cette souffrance qui sévit et de ceux qui se battent pour la liberté. Elle proposera la formation d'un groupe d'infirmière pour aller en premières lignes. Cette proposition sera rejetée car jugée trop périlleuse pour Simone Weil, le risque qu'elle se fasse identifier et déporter étant trop gros. Suite à ce refus, elle quittera l'organisation du général de Gaulle. 
Peu de temps après cela, elle sera admise à l'hôpital diagnostiquée tuberculeuse. Elle meurt le 24 août 1943 à 34 ans.


Simone Weil c'est un peu cela, mais c'est surtout un engagement sans failles envers les nécessiteux, combattante des droits humains faisant de la souffrance une arme à saisir et à comprendre, non à rejeter. Simone Weil c'était l'histoire d'une somme de combats, désireuse de toujours faire plus pour la condition humaine, prônant une philosophie active, coupée dans son élan par la maladie mais laissant derrière elle une somme intellectuelle permettant à tout un chacun de poursuivre le combat.

Œuvres complètes

Bibliographie

Autour de Simone Weil