Le Fanatique
James Robertson, Métaillié
Ces affolantes histoires dont on ne peut soupçonner l'édifiante réalité attestent la virtuosité narrative d'un formidable romancier qui nous entraîne d'un siècle à l'autre au coeur de l'intimité de chacun des protagonistes avec une aisance et une multiplicité de talents absolument confondante. Merci encore à l'éditeur pour cette stupéfiante découverte.
François Boyer
Colonie
Frédérique Clémençon,
Minuit
Dans ce roman au parfum de nostalgie, un homme vieillissant auprès de sa mère, ressasse le passé colonial de son père parti chercher fortune dans le Congo des années 20 et retrouvé assassiné. L'abandon du père renvoie à l'image de deux êtres retranchés dans la plus grande des solitudes.
Martine Borderie
Eldorado 1934
Patrick Boman, Arléa
C'est un petit roman, décoré l'air de rien par une vignette du douanier Rousseau, on y subodore des senteurs de jungle, de la moiteur d'avant-guerre, un rien de désuet voire de charmant...Eh bien non, ce bouquin de moins de cent pages est coupant comme une machette, profilé comme une pirogue malmenée par des remous, traversé d'éclairs de violence. Il ressemble à ce continent mal conquis qu'est l'Amérique du sud, ce lieu où toutes les folies peuvent s'épanouir et s'étouffer. Y errent les ombres de guerriers qui s'entretuent au nom d'un combat incompréhensible face à un fleuve qui les dévore les uns après les autres. Noël approche, l'Europe est agitée de soubresauts inquiétants, la Bête se réveille et entame son hurlement, et loin, perdus ou abandonnés, des hommes tentent d'échapper au cauchemar. La singularité tranchante de ce court opus illuminé par la noire lumière d'une écriture forte vaut que l'on s'arrête devant lui, il confirme le talent d'un écrivain encore trop peu lu.
David Vincent
Des démons sur les épaules
Elizabeth Rosner, Mercure de
France
Elizabeth Rosner, surtout connue comme poète aux Etats-Unis,
nous offre son premier roman, un roman à troix voix.
Un frère et une soeur, en souffrance, endoloris par le silence de
leur père tentent de trouver les pièces manquantes à cette histoire vécue comme
un secret de famille.
Jullian, scientifique s'enferme dans ses règles et se
remplit d'images devant les 11 téleviseurs empilés dans son appartement
(pourquoi 11?). Paulla quant à elle est devenue chanteuse à l'opéra, convaincue
"d'etre emplie de lumière".
Ce secret, ces non-dits n'ont d'autres raisons que la douleur que ce père a tu pour s'eloigner de sa Hongrie natale, d'Auscwhitz ou il a été déporté
La troisième voix est celle de Sola " à la couleur de cola",jeune femme qui a fui une dictature quelque part en Amérique centrale.
Grace à sa poésie, l'auteur tout en exaltant notre sensibilité nous rend témoin de la Shoah, elle nous dit aussi que ces faits ne sont pas définitifs, comme figés dans le passé.C'est un livre qui nous laisse de fortes impressions.
Isabelle Bossard