Un coup de coeur de Anthony G.
En Arctique, sont refroidis les centres de données de l’Internet mondial. En Chine, sont exploités les métaux qui font fonctionner nos smartphones (voir aussi La guerre des métaux rares). Dans le désert américain, est consommée une quantité astronomique d’eau pour pouvoir conserver des milliards d’informations numériques. En bref, aux quatre coins du globe, se deploie une immense somme de moyens et de techniques permettant au moteur numérique de battre son plein, pour toujours plus de puissance et de vitesse. Mais toute cette ingénierie technologique a un prix et un effet : elle rend invisible ce qu’elle dégrade.
En géographiant nos clics et nos données, le journaliste nous permet donc de voir l’invisible et de réaliser que derrière chaque téléphone ou chaque ordinateur, se cachent des milliers de datacenters, de barrages hydroélectriques, de mines, de centrales à charbons ou de câbles sous-marins… L’expérience sensorielle qu’est la lecture de L’enfer numérique contribue ainsi à mettre fin à l’illusion d’un monde sans limites.
Surtout, loin de toute tentative de culpabilisation, cette brillante enquête nous réconcilie avec la matière des choses et la matérialité du monde. Elle nous permet de penser ou repenser nos rapports aux objets et à l’environnement.
Une lecture indispensable !