A partir du Moyen Age, le territoire de la Grande Brenne, aujourd'hui parc naturel régional, se couvre de nombreuses retenues d'eau, au point de transformer durablement le paysage. L'histoire de ces aménagements est ici retracée en les replaçant dans leur contexte économique, institutionnel et environnemental. Une sélection illustrée d'étangs rend compte de la diversité des formes et des usages. ©Electre 2024

Située dans le quart sud-ouest du département de l'Indre, la Brenne est une zone humide d'importance internationale et l'une des grandes régions européennes de pisciculture. La trame écologique et les paysages originaux de son territoire emblématique, la Grande Brenne, en font un haut lieu du tourisme de nature. Contrairement à une idée reçue, ses nombreux étangs ne sont pas d'origine naturelle mais bien des retenues d'eau vidangeables, construites par l'homme dans le but principal d'élever du poisson. Le choix de la pisciculture en étangs, s'il répond à des contraintes environnementales locales, s'inscrit avant tout dans les dynamiques économiques de la fin du Moyen Âge. La pratique doit son succès à l'augmentation des besoins alimentaires des populations urbaines et certainement à l'introduction d'un produit d'élevage innovant, la carpe danubienne.

L'étang brennou, certes vanté pour sa diversité biologique, n'en demeure pas moins un élément remarquable du patrimoine culturel qui mérite d'être connu et reconnu sous toutes ses formes et ses usages, présents et passés. Enclos d'élevage d'une pisciculture élaborée, il a pu servir en parallèle de site de production d'énergie pour faire tourner les roues hydrauliques d'usines. L'étang est aussi un point d'eau essentiel pour le bétail. À partir du XX^e siècle, ses usages se diversifient, il devient base de loisirs, lieu d'agrément et parfois conservatoire du patrimoine naturel.

Depuis une vingtaine d'années, les inventaires du patrimoine culturel bâti au sein du Parc naturel régional de la Brenne croisent les approches de l'inventaire général du patrimoine culturel et de l'archéologie.

La prospection archéologique dans la Grande Brenne entre 2001 et 2009 a accompagné une recherche universitaire sur l'histoire de la genèse et de l'évolution du paysage d'étangs, identitaire du Parc de la Brenne, dans une approche archéologique, historique et paléo-environnementale.

La publication en 2023 de l'inventaire des étangs dans la présente collection des Images du patrimoine et la diffusion inédite dans les bases de données de l'Inventaire général d'une cinquantaine de dossiers d'oeuvres valorisant la connaissance des superstructures bâties des étangs viennent compléter l'étroite coopération entre ces deux champs majeurs de la connaissance de notre patrimoine culturel.

Territoire de recherche, le Parc naturel régional reprend l'expérimentation. Par-delà la connaissance, la réaffirmation des liens entre l'Inventaire général et l'aménagement du territoire s'illustre par un nouveau chapitre. En soutien aux démarches « Petites Villes de demain », une méthode d'évaluation patrimoniale et une démarche de connaissance participative et citoyenne viendront enrichir l'oeuvre programmatique : « La Fabrique du patrimoine » appelle désormais la participation de tous, habitants, élus, professionnels, associations, amateurs de patrimoine bâti, que vous soyez connaisseur ou néophyte.