Le rhinocéros d'or : histoires du Moyen Age africain

François-Xavier Fauvelle nous invite à voyager à travers une Afrique oubliée, à mi-chemin entre l’Afrique des grandes civilisations antiques et l’Afrique dominée par les puissances européennes jusqu’aux indépendances récentes. Ce Moyen Âge africain courant du VIIIe au XVe siècle marque une période dorée. L’Afrique connaît alors « une renommée considérable de l’Europe à la Chine » en étant au centre des échanges commerciaux, « actrice de l’exploitation de ses ressources » et notamment de l’or.

Dans ce voyage fascinant, le lecteur est transporté aux quatre coins du continent, du Ghâna ancien au Zimbabwe en passant par le Maroc ou encore la Corne africaine, il y découvre des formations politiques puissantes, des cités aujourd’hui disparues, des carrefours commerciaux où se croisent diplomates, marchands, artisans qu’ils soient musulmans, juifs, chrétiens ou d’autres croyances. Prenons par exemple le cas d’Aydhâb. L’historien se repose sur une simple affaire de concubinage ayant laissé quelques sources écrites pour nous raconter l’histoire de cette cité aujourd’hui disparue, « plaque tournante entre l’Afrique et l’Inde » du XIe au XIIIe siècle, « point de rupture de charge où le mode d’organisation du commerce changeait pour passer du maritime au caravanier ». Ce site archéologique se trouve aujourd’hui dans une zone contestée entre l’Egypte et le Soudan rendant les recherches impossibles.

Le cas d’Aydhâb montre bien la difficulté d’étudier le Moyen Âge africain avec à la fois peu de sources écrites et des traces archéologiques difficiles d’accès et très fragmentaires. Ces siècles où l’or brille de mille feux sont ainsi des siècles d’obscurité pour les chercheurs. François-Xavier Fauvelle n’a d’autres choix que de nous présenter une histoire fragmentée avec une succession de chapitres courts reposant chacun sur quelques sources, tantôt une correspondance, un témoignage d’un voyageur, un document commercial, des traces archéologiques ou encore des artefacts tels ce magnifique rhinocéros d’or qui donne son nom à l’ouvrage. Nous suivons donc le chercheur dans les difficultés de la discipline historique, ce qui fait tout le sel de cet ouvrage devenu un classique. En terminant cette lecture, on est à la fois ému par la découverte de cette histoire oubliée et fasciné par la rigueur avec laquelle François-Xavier Fauvelle mène sa recherche. Une ode magnifique au continent africain et un grand hommage à la discipline historique !

Hugo T.