Un coup de coeur de Mollat
La conclusion des diverses théories élaborées par Aristote, Hobbes, Saint Augustin ou encore Thomas d'Aquin, révéla bien souvent un état de nature aux penchants égoïstes, cupides et ambitieux. L'apparition de l'État en tant qu'institution (souveraine ou égalitaire) a défini le poids de la culture et son influence sur la nature humaine. « Ce qui a condamné le concept de culture dans la tradition occidentale c'est que […] la vérité de la culture n'est pas la vérité de la nature. » La culture est un artifice qui légitime alors la nature humaine, elle déresponsabilise les hommes face à tout conflit moral.
Sahlins nous propose alors de dépasser notre ethnocentrisme pour observer les autres types de civilisations. À travers différentes études menées auprès des peuples dits primitifs (les Chewong de Malaisie, les Maori de Nouvelle-Zélande…), il constate une inversion totale de la perception de la nature et de la culture. Selon eux la physis est la source du nomos, c'est elle qui nous détermine. Il en conclut alors que « la civilisation occidentale est construite sur une vision pervertie et erronée de la nature humaine », la vie humaine est déterminée par les schémas culturels qui l'entourent. L'Homme est l'unique responsable de sa nature, la culture est le bien-fondé de l'humanité.