Une présentation historique et géographique de ce pays créé en 1949 par la réunion du royaume hachémite de Transjordanie et de la Cisjordanie. ©Electre 2024

26 octobre 1994 : le roi Hussein de Jordanie et le Premier ministre d'Israël. Itzhak Rabin signaient le traité de paix qui mettait fin à 46 ans de guerre entre les deux Etats. Cette paix, qui entre progressivement dans les faits, doit inciter les touristes à repartir à la découverte de la cité mystérieuse de Pétra, des imposants vestiges de la Décapole romaine, des «châteaux du désert» des premiers califes omeyyades, et des forteresses franques de la terre d'«oultre-le-Jourdain».

Cette mémoire de l'Orient s'offre dans la lumière et les senteurs de la Méditerranée, qui s'épanchent au printemps jusqu'aux lisières du désert d'Arabie, sur les collines couvertes d'oliviers, de chênes verts et de pinèdes. Ici Amman s'est appelée Philadelphie, et l'hellénisme d'Alexandre s'est marié à l'Orient, avant que les légions de Pompée n'imposent la paix romaine aux Juifs de la Pérée comme aux Bédouins de l'Arabie Pétrée.

Terre qui fut byzantine, et qui le demeure en son antique communauté chrétienne, avant de passer à l'islam au VI^e siècle, parcourue de pèlerins et de brigands, la Jordanie n'a pris sa configuration moderne qu'au cours du XX^e siècle, sous la férule de deux souverains d'exception, Abdallah (1921-1951), puis Hussein, monté sur le trône en 1953.

Tout en faisant face à l'intrusion sioniste et à ses conséquences humaines, ces deux souverains ont dû forger une nation jordanienne à partir de populations diverses et jalouses de leurs particularismes. Aujourd'hui encore, l'avenir du pays est suspendu à la coexistence des Trans ordaniens d'origine nomade ou sédentaire, avec les réfugiés palestiniens et leurs descendants, aux aspirations et aux attaches si diverses.

Marc Lavergné, docteur en géographie, diplômé de l'Institut, d'études politiques de Paris et licencié d'arabe, a dirigé le Centre d'études de documentation universitaire, scientifique et technique (CEDUST) de Khartoum au Soudan, de 1982 à 1988, puis, de 1988 à 1990, le Centre d'études et de recherches sur le Moyen-Orient contemporain (CERMOC) de Beyrouth, dont il a fondé l'antenne d'Amman. Chercheur au CNRS (laboratoire URBAMA de l'Université de Tours), il a également assuré aux éditions Karthala la publication de l'ouvrage Le Soudan contemporain (1989).