Etude des comportements d'opposition développés par les détenus, à la fois collectifs et individuels. L'approche descriptive et normative décrit les résistances offensives et défensives ainsi que les implications aux plans disciplinaire et juridique. L'approche étiologique analyse les incidences de cet environnement tant sur la genèse que sur les modalités des résistances en cause. ©Electre 2024

Les résistances carcérales, du comment au pourquoi

Cet ouvrage est issu d'une recherche portant sur les résistances opposées par les détenus au système carcéral. Partant d'une expérience de l'enfermement, l'auteur propose ici un travail original à un double titre : par son approche pluridisciplinaire empruntant à la sociologie, à la psychologie, à la psychiatrie, à la philosophie autant qu'au droit strictement entendu, il a tenté de rendre son regard du dedans, soit celui de l'usager, sur une institution et un milieu qui ont inspiré de multiples écrits autobiographiques, sans parler de fictions. Mais, par son vécu comme par sa démarche, Noali peut se revendiquer, quant à lui, de la tradition de l'école nord-américaine de la convict criminology, ce qui est nouveau en France.

À ce titre, la présente réflexion pose sans doute la question de l'objectivité du chercheur longtemps en situation d'observation participante contrainte, soit de partie prenante au système étudié. Mais si l'objectif était justement au départ de tenter de se distancier par une forme de résistance élaborée visant, au-delà des murs et du temps de la peine, la délivrance, l'ambition est devenue plus fondamentalement au fil du temps de montrer que les résistances carcérales constituent un phénomène aussi lourdement affecté par le passé des prisonniers que par les conditions de l'enfermement pénal, lesquelles aboutissent à les cultiver par l'emprise exercée sur les corps et les esprits des reclus.

Si, en dépit des avancées sensibles de la normalisation - sur le long terme du moins - et des intentions de l'institution pénitentiaire, une telle culture s'avère assez souvent négative, l'auteur défend cette conviction que les résistances en cause sont en fait déterminantes et même essentielles, non seulement pour l'évolution de la condition pénitentiaire, comme le montre l'histoire récente de l'institution, mais aussi bien pour le devenir des condamnés - et notamment la désistante du crime - si elles peuvent toutefois être positivement cultivées. Le travail présenté ici a l'ambition de nourrir la réflexion sur un sujet largement tabou, mais plus que jamais à l'ordre du jour.