Un coup de coeur de Mollat
Si ces noms ne vous évoquent rien, c'est parce que les mythes russes sont tout à fait méconnus. On peut expliquer cela par le fait que la Russie n'a pas de système mythologique sophistiqué, contrairement à d'autres cultures comme la Grêce ou encore l'Iran. Par contre, elle possède un ensemble de contes populaires assez dense.
L'auteur s'est par conséquent appuyée sur le folklore et l'ethnographie pour son étude.
Pour commencer, on note l'existence de deux types de contes :
Les bylichki, qui sont des contes évoquant des demi-dieux, des esprits et des démons. Les évènements relatés sont supposés s'être déroulés dans la vie réelle.
Les skazki, sont eux des contes populaires purement fictionnels. Ils n'ont pas de réelle dimension sacrée. On y retrouve les bylini, qui mêlent les mythes à l'histoire avec les premiers héros russes, et les legendy, qui sont comme le nom l'indique, des légendes religieuses baignées de mythes et piété chrétienne.
Aujourd'hui, les skazki ont disparu alors que les bylichki ont encore une certaine importance dans la culture russe.
Après cette petite partie explicative, penchons nous sur les dieux.
S'il y avait deux noms à retenir, ce serait Perun et Volos, Perun étant le dieu de la guerre, le protecteur des chefs militaires et des combattants, et Volos, étant le protecteur des marchands et le dieu du bétail. Leur rôle sur le plan judiciaire à l'époque, est très important. Les autres dieux païens soulignent le culte rendu à la nature et aux forces élémentaires ;
La double foi va cohabiter du XI au XIIIe siècle, et seuls Volos et Perun figureront dans le calendrier chrétien, Volos sous le nom de Saint Vlasu et Perun, devient le prophète Elie.
Cependant, les démons, et autres esprits des lieux occupent une grande place ; car, les différentes activités de la vie quotidiennes se font sous la domination des esprits, représentant la puissance impure. Les gens les craignent très souvent et leur font des offrandes à la fois pour les calmer et s'attirer leur sympathie.
Parmi les esprits des lieux, nous trouvons le domovoi, l'esprit de la maison. Il doit la protéger, ainsi que la famille et les biens. Il incarne également l'âme des ancêtres. Le Leshu est l'esprit de la forêt. Il est très hostile à l'homme malgré les offrandes, et les paysans en ont très peur. Quant au Vodynoii, il noie les gens et les animaux, sans aucune pitié. il représente les forces incontrollables de l'eau.
On voit donc à travers ces exemples que la mort est omniprésente. En effet, le culte des morts occupe une place centrale dans la conscience religieuse primitive.
Selon la culture russe, on retrouve deux types de morts :
La bonne mort marque les personnes mortes normalement de vieillesse. Ces roditeli ne viennent pas hanter le monde des vivants car leur temps sur terre a été fait.
Mais les morts prématurés, appelés également les goules, doivent rester sur terre jusqu'à leur heure. Ces ont les gens assassiné, tués accidentellement, les suicidés et morts d'épidémies.
Après ce petit tour d'horizon, on observe que la mythologie russe est truffée d'esprits, de démons, de sorcières, avec Baba-Yaga, et d'animaux fabuleux, avec notammant les dragons.
Toute l'imagerie est imprégnée de magie, de mystique, et renvoie quelque peu aux contes que l'on nous racontait étant enfant.
Certaines caractéristiques comme le culte des morts, la magie ou bien encore la conception animiste de la nature, sont encore vivantes aujourd'hui. Elles amènent à un mélange entre ancienne et nouvelle religion, que l'on pourrait considérer comme une "orthodoxie populaire".