Dans la recherche en sciences sociales, l'évaluation occupe une place centrale. Dans cette perspective, la notion d'excellence, dans un sens comparatif plutôt qu'absolu, joue un rôle majeur. Dans le second dossier, Repenser la pauvreté, réflexions sur la pauvreté comme nouvelle frontière de la lutte pour les droits de l'homme. ©Electre 2024

La Revue internationale des sciences sociales, créée en 1949 par l'Unesco, est publiée en cinq langues: anglais, français, arabe, chinois et russe. Une version en espagnol se trouve sur internet, au site www.unesco.org/issj.

La revue vise à rapprocher les communautés de spécialistes des sciences sociales, ainsi qu'à porter à la connaissance d'un large public des informations et des discussions en sciences sociales qui sont déjà connues des milieux spécialisés.

Les numéros sont en général organisés autour d'un dossier thématique coordonné par le rédacteur en chef en collaboration avec un conseiller de la rédaction. Des manuscrits non commandés peuvent aussi être pris en considération, paraissant sous les rubriques «Tribune libre», «Le milieu des sciences sociales» (articles sur des questions professionnelles dans le domaine des sciences sociales), et «Dossiers ouverts» (articles faisant suite à des échanges de vues thématiques antérieurs). Les informations sur les abonnements figurent en troisième de couverture.

Les formes traditionnelles d'organisation des systèmes de recherche sont soumises à de nombreuses pressions du fait des contraintes financières, de l'internationalisation, de l'évolution des disciplines et du souci croissant de mettre la recherche, y compris en sciences sociales, en phase avec les enjeux sociétaux émergents. Dans la quête d'une recherche qui soit à la fois de haute qualité scientifique et de grande pertinence sociétale, l'évaluation occupe une place centrale. Or, dans la réflexion actuelle sur l'évaluation, une notion d'excellence - moins évidente qu'il n'y paraît - joue un rôle majeur. À première vue, nul ne saurait s'opposer à l'excellence. Qui, après tout, se ferait le promoteur de recherches ineptes, médiocres, ou même simplement acceptables? Mais dans les usages contemporains, «excellence» a un sens comparatif plutôt qu'absolu. Les chercheurs, les projets, les institutions sont «excellents» pour autant qu'ils figurent parmi les meilleurs. Peut-on promouvoir l'excellence sans que le soutien préférentiel apporté aux meilleurs ne crée à leur profit des rentes de situation pérennes et des facteurs paradoxaux de sclérose?

Ce numéro comporte également un deuxième dossier thématique sur la reconceptualisation de la pauvreté. Dans le langage officiel de la communauté internationale, on fait aujourd'hui de l'extrême pauvreté une violation des droits humains. Est-ce cohérent? Et qu'est-ce qui en découle si l'on prend cette affirmation au sérieux? Si les droits humains, déjà formellement reconnus, impliquent un droit fondamental de ne pas être enfermé dans l'extrême pauvreté, peut-on admettre que ceux qui en souffrent n'aient aucun droit positif à faire valoir? Mais, inversement, si l'extrême pauvreté doit être justiciable, à qui incombe la responsabilité de son élimination?