Le modérateur, David Vincent, présente Akira Mizubayashi comme un habitué de la librairie Mollat, salué par de nombreux prix littéraires dont le Grand Prix de la Francophonie. L'auteur, qui "habite le français", a construit une œuvre dense et singulière qui, par le prisme de l'art, explore des thèmes universels.
Akira Mizubayashi raconte la genèse de son roman, un projet inspiré par plusieurs "collisions". Il explique que l'idée lui est venue après une visite au musée d'art consacré aux bombes atomiques d'Hiroshima, un souvenir qu'il a longtemps gardé en mémoire. Plus tard, le décès de sa mère l'a rapproché de la musique de Beethoven et Mendelssohn, des œuvres qu'il a "entendues" en voyant des scènes et des personnages, le poussant à imaginer un peintre qui, comme Beethoven avec sa surdité, serait privé de l'essentiel pour créer. Cet entremêlement d'arts – musique, peinture et littérature – n'est pas un hasard : c'est un héritage de son père. Ce dernier, opposé à la guerre, a trouvé refuge dans l'art, ce qui lui a permis de "supporter l'insupportable". C'est pour cette raison qu'il a initié ses fils à la musique, allant jusqu'à acheter un piano, un investissement extraordinaire pour leur milieu. L'auteur a même dû réaliser lui-même des tableaux pour mieux se mettre dans la peau de son personnage.
Le roman suit trois personnages qui se rencontrent à Tokyo en 1944. L'auteur explique avoir voulu les soumettre à la raison d'État et à la violence de la guerre, un thème récurrent dans son œuvre. L'écrivain, qui se voit comme un "combattant de la liberté littéraire", souligne la fonction consolatrice de l'art, qui peut "réconcilier avec l'humanité". Il aborde également la figure du chien, Anna, qui ne meurt jamais, un "témoin intemporel" qui agit comme "ange gardien de la mémoire familiale". Pour finir, David Vincent évoque l'édition de luxe d'"Un brisé", un livre que son éditeur, Antoine Gallimard, lui a proposé.