Margot Turcat - Ça me prend la tête !

Margot Turcat partage son expérience de l'accident vasculaire cérébral (AVC) survenu il y a sept ans, insistant sur les séquelles permanentes qui en découlent. Malgré une amélioration progressive, elle reste aphasique (troubles du langage impactant la parole, la lecture et l'écriture), souffre de douleurs neuropathiques au pied droit et d'une fatigue chronique. Elle souligne l'importance d'accepter ces séquelles comme définitives.

Elle dénonce ensuite les difficultés administratives et systémiques rencontrées. Son dossier MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) a mis plus de 20 mois à être traité, faute de priorité et en raison des coupes budgétaires (réduction drastique des effectifs). De même, la reprise de son travail a nécessité 21 mois de procédure stressante, bien que cette période ait coïncidé avec la pandémie de Covid-19.

L'autrice met en lumière le manque d'équité dans le processus de rééducation et de réinsertion, citant les travaux de la sociologue Muriel Salmon qui expose une disparité selon la classe sociale et le genre. Les hommes sont plus souvent encouragés à reprendre la conduite ou le travail, tandis que pour les femmes, ces aspects sont parfois négligés, car on présuppose qu'elles peuvent se faire aider par un conjoint.

Margot Turcat insiste sur le fait que les jeunes victimes d'AVC sont des "grands oubliés" : il n'existe ni site internet dédié, ni véritable engagement ni campagne de prévention ciblée en France. Or, l'AVC est la première cause de mortalité féminine (18 000 victimes, contre 12 000 pour le cancer du sein). Elle regrette ce manque de volonté politique entre les ministères de la Santé et de l'Économie, malgré le potentiel d'économies considérables pour l'Assurance Maladie qu'une prévention efficace permettrait.

Pour légitimer son expérience et son savoir expérientiel, elle a entrepris des études pour obtenir le diplôme de patient expert et patient formateur. Ce rôle lui permet désormais d'intervenir auprès des futurs soignants (orthophonistes, aides-soignants, infirmiers) et des régulateurs du SAMU, transformant son expérience en un outil de formation et d'aide pour d'autres patients.