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Pierre Serna vous présente son ouvrage "Animaux & humains : une histoire partagée : de la préhistoire au XXIe siècle" aux éditions Textuel. Entretien avec Jean Petaux.
Cet entretien met en lumière la richesse et l'originalité de l'ouvrage collectif qui retrace 40 000 ans d'histoire partagée entre humains et animaux autres humains, selon la terminologie adoptée par les auteurs pour souligner l'appartenance de l'être humain au règne animal. À travers une approche chronologique non-conventionnelle (en six grandes parties qui ne suivent pas les césures historiques classiques), et 105 courtes notices richement illustrées, le livre propose une véritable iconopolitique des relations interespèces.
Pierre Serna explique que l'objectif n'est pas de faire une histoire sur les animaux, mais une histoire avec eux, en reconnaissant leur rôle fondamental dans l'évolution humaine. L'ouvrage déconstruit la simplification des rapports humains-animaux, refusant de les réduire à une opposition méchants/victimes. Il explore des concepts clés comme la porosité des frontières entre l'humain et l'animal, citant les travaux de James Scott sur l'”Homo domesticus” et l'idée que l'humain a pu être domestiqué par ses bêtes pour subvenir à leurs besoins, créant ainsi des hiérarchies sociales parmi les humains eux-mêmes.
L'histoire est jalonnée de moments où les animaux sont au cœur des préoccupations humaines, de l'art rupestre de la grotte Chauvet (où les représentations animales et humaines sont superposées, témoignant d'une interaction existentielle dès la Préhistoire) aux fables d'Ésope (utilisant le bestiaire pour dénoncer les travers humains). La dimension religieuse est abordée avec les sacrifices animaux et les interdits alimentaires chrétiens, où la souillure vient de l'humain (par exemple l'ingestion de chair humaine par l'animal le rend impur). Le Moyen Âge voit l'émergence de la catégorie exclusive de l'animal et de l'humanimalisme (selon Peter Sahlins), une période où la confusion et la proximité avec l'animal sont encore très présentes.
Le XVIIIe siècle et l'ère des Lumières sont marquées par la révolution naturaliste (Linné, Buffon), qui replace l'homme dans la classification animale, bien que l'Église persiste à le distinguer par l'âme. Cette période, appelée l'”étrange étrangeté des animaux modernes” (Jacques le Fataliste), voit le développement de l'observation fine des animaux et de l'hybridation dans les élevages. La concurrence scientifique entre la France et l'Angleterre se manifeste même à travers les débats houleux sur les xénotransfusions (transfusion de sang animal à l'homme) en 1668. Sur le plan politique, la chasse royale symbolise le privilège et la domination, ce qui explique que son abolition fut un des premiers enjeux du décret du 11 août 1789 après la nuit du 4 août, marquant une démocratisation de la chasse et une tuerie d'animaux par les paysans.
Enfin, l'ère contemporaine (XIXe-XXIe siècles) est celle de l'industrialisation et de la sensibilité. Elle est paradoxale : alors que la maltraitance animale devient plus visible en ville, entraînant la création de la SPA et la Loi Grammont (1850), l'être humain n'a jamais autant tué d'animaux. L'ouvrage s'achève sur la nécessité de l'écologie morale et de la responsabilité humaine face à l'éco-cide, soulignant que l'histoire commune, ou anthropo-histoire, doit être un "livret pour des convivances futures". La survie de l'humanité est intrinsèquement liée à celle des autres espèces.