Xavier Hélary - Histoire de l'Europe. Vol. 2. La naissance de l'Europe ? : Ve-XVe siècle

Le médiéviste Xavier Hélary aborde la complexité de rédiger une histoire de l'Europe médiévale couvrant un millénaire, insistant sur la nécessité de définir un espace européen en constante mutation, qui s'étend progressivement de l'ancien Empire romain d'Occident vers la Scandinavie, l'Europe orientale et les Balkans.

Face à cette diversité géographique et temporelle, l'auteur identifie les principaux vecteurs d'unité et de convergence qui permettent de parler d'une véritable "civilisation européenne" (selon l'expression de Marc Bloch). Le facteur dominant est sans conteste la christianisation. Engagée dès le VIe siècle, souvent en concurrence avec Constantinople, cette expansion religieuse est perçue comme un phénomène quasi inéluctable, bien que parfois accompagnée de violence (comme lors de la conquête de la Saxe par Charlemagne).

Deux autres convergences sont mises en lumière : l'alignement progressif sur des formes politiques occidentales (la royauté, l'essor de la ville) et la diffusion de codes culturels communs. Parmi ceux-ci, la chevalerie est un vecteur d'unification essentiel. Modèle à la fois militaire, politique et social, elle se propage grâce à la traduction des grandes œuvres littéraires chevaleresques (chansons de geste, romans arthuriens) dans toutes les langues vernaculaires à partir du XIIe siècle, créant ainsi une culture commune.

L'entretien met également en évidence l'importance idéologique de l'Empire (romain, restauré en 800 et 962), qui, malgré son délitement en réalité, demeure une structure universelle et un puissant rêve idéologique. Cependant, face à cette universalité, le modèle des royautés (inspiré par la France et l'Angleterre) s'impose et s'exporte, marquant une autre convergence. L'entrée dans le système de la royauté devient, pour beaucoup de peuples, synonyme d'entrée en Europe.

En conclusion, Xavier Hélary soutient que l'histoire des Xe au XVe siècle témoigne d'une réelle histoire commune du continent et que, malgré la prudence nécessaire (signalée par le point d'interrogation du sous-titre), ces dix siècles ont bien vu la naissance effective de l'Europe.