Chargement...
Chargement...

Une chambre à soi #2

Une chambre à soi #2
Une actualité de Mylène
Publié le 20/05/2017
Etudier la jupe et le pantalon sous toutes les coutures permet d’aborder des enjeux aussi variés que l’histoire politique, sociale, sexuelle ou encore la dimension esthétique qu’occupent ces objets au sein de notre société.
Christine Bard est historienne et professeure à l’université d’Angers. Elle s’intéresse depuis toujours à l’histoire des femmes, au féminisme et à l’antiféminisme ainsi qu’à la question du genre ; elle a consacré de nombreux ouvrages à ces différents sujets.
Ses recherches l’ont également conduite à un objet d’étude original, qui rejoint ses thèmes de prédilections tout en faisant un pas de côté : le vêtement. En effet, pour Christine Bard, étudier la jupe et le pantalon sous toutes les coutures permet d’aborder des enjeux aussi variés que l’histoire politique, sociale, sexuelle ou encore la dimension esthétique qu’occupent ces objets au sein de notre société.

Le pantalon nous intéresse ici particulièrement, car il incarna, pendant longtemps, la masculinité. La qualité morale d’une femme était autrefois jugée en fonction de sa tenue et de ses manières. Le pantalon, modifiant la silhouette, la rendant ainsi plus ambiguë, pose alors problème.

L’ordonnance du 16 brumaire an IX (soit le 7 novembre 1800) est l’un des exemples forts du livre pour évoquer tous les enjeux suscités par ce choix vestimentaire. Depuis la Révolution française, le port du pantalon s’est quelque peu répandu parmi les femmes, produisant un effet de « confusion des sexes » au nom de l’égalité. Cet acte n’est pas tolérable sous l’ère bonapartiste, aussi la Préfecture de police de Paris interdit par cette ordonnance le port des habits d’un autre sexe ; toutefois celle-ci ne s’applique pas qu’aux femmes.
Comme le précise Christine Bard : « pour les deux sexes, l’amalgame est fait entre la transgression du code vestimentaire genré et des pratiques sexuelles déviantes.». Le point sensible se situe clairement sur cette question tout au long des XIXe et début XXe siècles. Les vêtements reflètent la personnalité, le mode de vie. Au-delà de l’orientation sexuelle, il s’agit de l’émancipation des mœurs et de la revendication de la liberté individuelle d’être celle/celui que l’on veut, loin des carcans moraux de la société.

Porter le pantalon permet aux femmes de se mouvoir autrement (elles peuvent faire du vélo plus aisément à l’instar de Violette Morris), d’envisager de nouveaux métiers, d’être maîtresse de leur corps, de choisir ce qu’elles veulent en dévoiler (la question de la pudeur est très importante)…
Aujourd’hui banal et anecdotique, porter un pantalon fut longtemps un acte politique et social courageux, un message fort envoyé aux hommes, celui d’une quête d’égalité entre les sexes.



Bibliographie

Pour en savoir plus

Une chambre à soi #1

Riot grrrls : chronique d'une révolution punk féministe, Manon Labry, éditions Zones

1