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Célébrons Baudelaire : 200 ans de poésie !

Une actualité de Rayon poésie
Publié le 11/03/2021
A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Charles Baudelaire, et du Printemps de la poésie dédié cette année au “désir”, laissons-nous enivrer par le génie des "Fleurs du mal" qui a bouleversé la littérature.

Dans un des projets de préface à ce mince recueil, Baudelaire affiche clairement sa singularité, à rebours de la tradition poétique : “Des poètes illustres s’étaient partagés depuis longtemps les provinces les plus fleuries du domaine poétique. Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était difficile, d’extraire la beauté du Mal.
Un extrait du poème "Une charogne " semble illustrer, entre autres exemples, cette esthétique inédite :

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux:
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux (...)

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Or, en 1857 la France bien-pensante de Napoléon III juge obscène cette littérature et le procureur impérial Ernest Pinard fait condamner l’auteur et son éditeur pour “offense à la morale publique, religieuse et aux bonnes mœurs”. Six poèmes considérés particulièrement comme infamants sont retirés de la vente et ce n’est qu’en 1949 que ces "pièces condamnées" seront réintégrées aux Fleurs du mal.
Malgré les censeurs et la critique de l’époque qui s’acharnent, quelques illustres contemporains (parmi lesquels Victor Hugo, Théophile Gautier et les frères Goncourt) soutiennent Baudelaire. Blessé par le jugement mais habitué à être incompris, ne serait-ce que par sa vie de bohème, les dettes accumulées et son goût affiché de la provocation, il n’est pas sans savoir que le scandale assure la publicité de son recueil et la postérité de son nom.

Tout autour de lui, et en lui, est frappé par la double postulation, ce "Spleen et Idéal" (titre de la première section des Fleurs du mal) dont il souffre, s’amende et s’enorgueillit à la fois. Les femmes (sa mère, ses maîtresses, les prostituées fréquentées), mais aussi les progrès de son époque (la presse, la photographie, la rénovation de Paris) le fascinent et le révulsent.
Cette ambivalence fondamentale est surtout à l'œuvre dans le recueil inachevé des Petits poèmes en prose qu’il composa à la fin de sa vie et sera publié à titre posthume en 1869 (Baudelaire meurt en 1867). Moins légendaire que Les Fleurs du mal, Le Spleen de Paris constitue selon le critique Antoine Compagnon “le sommet de la modernité antimoderne par excellence” de cet esprit irréconciliable et “irréductible” :

Et maintenant la profondeur du ciel me consterne ; sa limpidité m’exaspère. L’insensibilité de la mer, l’immuabilité du spectacle, me révoltent… Ah ! faut-il éternellement souffrir, ou fuir éternellement le beau ? Nature, enchanteresse sans pitié, rivale toujours victorieuse, laisse-moi ! Cesse de tenter mes désirs et mon orgueil ! L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu.” ("Le Confiteor de l’artiste", in Petits poèmes en prose)


A partir de Baudelaire, et paradoxalement grâce à lui, la poésie s’ouvre à cette modernité saluée par tous ses héritiers. Si, sous sa plume le beau devient “bizarre”, “discordant”, “ardent et triste”, jamais aucun écrivain n’avait osé aller aussi loin dans l’expression de l’horreur et de l’extase mêlés.
Créer un poncif, c’est le génie. Je dois créer un poncif” notait-il dans ses Fusées. Deux cents ans après sa naissance, l’ambition du poète maudit est accomplie et s’adresse toujours en miroir à nous, son “hypocrite lecteur, [son] semblable, [son] frère” :

Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.”

Oeuvres de Baudelaire

Parce que Baudelaire n'est pas que l'écrivain des Fleurs du mal et du Spleen de Paris, voici l'ensemble de ses écrits (correspondance, critique d'art, essais, nouvelle, journaux, sans oublier ses traductions de l'écrivain américain Edgar Allan Poe) en format de poche et semi-poche.

Baudelaire en beaux livres

Pour célébrer les 200 ans du poète, un collector limité des Fleurs du mal accompagnée des photographies de Mathieu Trautmann paraît prochainement chez Folio. A moins que vous ne préfériez les éditions illustrées par les peintures de son temps, les dessins de Matisse, les deux tomes de la prestigieuse collection de la Pléiade ou en un volume chez Bouquins (Robert Laffont)

Biographies et essais sur Charles Baudelaire

Malgré une vie (1821-1867) et une production assez brèves, Baudelaire a suscité de multiples lectures : poétiques, politiques, philosophiques, historiques, morales, psychologiques, judiciaires... Voici un choix non exhaustif qui révèle les différentes facettes d'une œuvre fascinante qui n'a pas fini de nous interroger.

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