Que s'est-il passé au Chili en septembre 1973 ? Comment l'État le plus démocratique d'Amérique latine en est-il arrivé là ?

Le pays est alors une démocratie stable et solide où les militaires sont subordonnés au pouvoir civil. Isolé à l'extrémité du continent, le Chili ne revêt pour les États-Unis qu'une importance géopolitique mineure. Un seul point inquiète toutefois le département d'État : l'existence du plus grand parti communiste des Amériques et la possibilité pour une coalition emmenée par celui-ci de gagner la présidence. Aux élections populaires du 4 septembre 1970, l'Unité populaire l'emporte avec seulement 36,7% des voix (contre 35,3% au candidat de droite Alessandrini). Salvador Allende est élu président.

À la tête du gouvernement marxiste, il entreprit d'instaurer dans la légalité un régime socialiste au Chili. Très vite, il se heurta à l'opposition des partis modérés, des classes moyennes et, à l'extérieur, à la pression financière des États-Unis. Pour Henry Kissinger, il faut empêcher « par tous les moyens » Allende d'assumer le pouvoir. En 1971, Washington programme « le chaos économique du Chili ». Après des mois de déstabilisation, l'armée chilienne intervient. Allende est renversé par le coup d'État du général Pinochet le 11 septembre. Quelques heures avant de se suicider dans le palais présidentiel assiégé, au cours d'une ultime intervention radiophonique, il déclare : « Ils ont la force, ils pourront nous soumettre ; mais les mouvements sociaux ne se maîtrisent ni par le crime, ni par la force. L'histoire nous appartient, ce sont les peuples qui la font. »

Débute alors l'une des pages les plus sanglantes de l'Histoire de l'Amérique Latine. La même année, Henry Kissinger reçoit le prix Nobel de la paix...