Loin de n'être qu'un roman gentillet autour des arbres et de notre relation avec la nature, Powers nous parle ici d'activisme et de résistance. Nous côtoyons un monde plus incroyable encore que ce que nous pouvons imaginer: ce livre est destiné au lecteur qui n'a pas encore abandonné tout espoir d'une vie en accord avec ceux qui furent là bien avant nous.
Powers n'est pas le premier à écrire sur l'arbre et sa puissance symbolique. De nombreux mythes des origines y font bien sûr référence (le fameux Yggdrasil de la mythologie nordique), et si l'arbre est à l'origine de la création de la terre, il l'est aussi souvent de la création poétique : on pense bien sûr au célèbre recueil de Prévert, et aussi au très bel ouvrage d'Aurélie Foglia, édité chez Corti, Grand-Monde.
Dans la fiction, l'arbre se fait bienfaiteur et protecteur, comme pour le Baron Perché de Calvino. Mais s'il donne la vie, il donne aussi la mort, notamment dans L'Acacia de Claude Simon, ultime potence de l'aïeul du personnage principal. L'arbre est aussi généalogique, et l'occasion pour certains auteurs d'étudier les ramifications familiale et rendre hommage à leurs proches, comme Jean-Marie Borzeix dans L'homme qui aimait les arbres.
Dans le roman de Powers, l'arbre n'est rien sans son milieu, la forêt. Dernier bastion de la vie dans La forêt de Hegland, mortel habitat dans le recueil L'homme que les arbres aimaient de Blackwood ou encore écosystème en danger dans La forêt de cristal de Ballard : les bois sont une constante source d'inspiration.