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A la recherche des Girondins

Une actualité de Jean-Marc
Publié le 29/08/2017
L’Académie Nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux a accueilli le 11 mai 2017 en séance publique le doyen de ses membres correspondants, le professeur William Doyle, historien anglais, diplômé de l’université d’Oxford, professeur de l’université de Bristol, membre de la Société royale d’histoire de Londres. William Doyle est spécialiste de l’histoire de France au XVIIIe siècle, en particulier de l’histoire de Bordeaux. Il est notamment connu pour son œuvre Oxford history of the French Revolution. Pour sa première venue à l’Académie, le professeur Doyle a présenté une communication intitulée : A la recherche des Girondins.
Quelle signification revêt ce « moment girondin » ? Quels ont été ses hommes et ses soutiens ? Que reste-t-il de cet événement révolutionnaire ?

A dire vrai, seulement une soixantaine de députés peuvent être considérés comme Girondins face à la Montagne. Ils ne forment pas un parti au sens strict, encore moins un bloc. Beaucoup sont issus du département de la Gironde et de la façade Atlantique et constituent à bien des égards la voix de la province face à celle du centre parisien. De nombreux orateurs issus de cette sensibilité exercent les métiers d’hommes de loi : ils sont les héritiers en quelque sorte des « robins » de l’Ancien Régime (avocat, notaire, magistrat).

Cette émanation de la bourgeoisie judiciaire et parlementaire se retrouve autour de Brissot, de Buzot, de Vergniaud et de Madame Roland. Ils ont incarné une orientation de la Convention jusqu’en mars-avril 1793, une Convention hésitante sur le sort du roi et hostile à Marat et aux Sans-culottes.

A bien des égards, cette expérience peut être considérée comme la préhistoire du libéralisme politique. En effet, ils s’avèrent soucieux de respecter les formes de la légalité, de plus ils sont convaincus de la défense des droits naturels protecteur des personnes. En un mot, ils s’opposent à toute forme d’arbitraire, de celui qui revêt les oripeaux de la monarchie ou de celui qui prétend agir au nom de la « volonté générale ».

Ce sont des modérés pragmatiques, tenants du mandat représentatif et hostiles au mandat impératif.  Ils incarnent les valeurs de 1789 avec une certaine mesure et combattent l’esprit de surenchère autour de ces principes (l’égalité) et à l’image de Vergniaud et de sa prophétie, ils entrevoient dans le phénomène révolutionnaire un « ogre » mangeant ses propres enfants.

Que reste-t-il de cet événement dans l’historiographie et dans la mémoire collective ?

Beaucoup de brume et de contre-vérité ont été charriées par une historiographie militante et partisane, soucieuse de ne voir dans ces guillotinés que des ennemis de la Révolution et des hommes aveugles au sens de l’histoire. Du point de vue politique et littéraire, on doit à Lamartine et son Histoire des girondins, best-seller absolu du XIXe siècle, une réhabilitation flamboyante de cette sensibilité. Au sein du département éponyme, à Bordeaux sur la place des Quinconces, une colonne a été érigée pour saluer leur combat et leur mémoire. Encore aujourd’hui, leur souvenir divise. Pour les uns, ce sont les « Cassandre » de la Révolution et les apôtres d’un juste milieu, pour les autres ce sont des contre-révolutionnaires masqués et qui n'ont pas droit de cité dans le récit de cet événement fondateur.

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