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Ukiyo-e, les images du monde flottant

Publié le 19/01/2009
Les fameuses Ukiyo-e, peintures et surtout estampes, caractérisent la vie artistique du Japon du xvii ème au XIX ème siècle.
Dans la pensée bouddhique, le terme de Ukiyo désigne le caractère transitoire du séjour sur terre, puis au XVII ème siècle, dans un véritable retournement de sens, il évoque le côté éphémère de la vie et se double de l'idée de prolonger la jouissance des biens et des plaisirs de ce monde.

« Vivre uniquement le moment présent,
se livrer tout entier à la contemplation
de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
et de la feuille d'érable... ne pas se laisser abattre
par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
sur son visage, mais dériver comme une calebasse
sur la rivière, c'est ce qui s'appelle ukiyo. »

- Asai Ryoi Les Contes du monde flottant (1665)

Ukiyo-e, littéralement les images du monde flottant est l'expression plastique d'une nouvelle mentalité hédoniste liée à l'enrichissement d'une bourgeoisie urbaine et marchande. A l'extérieur des grandes agglomérations se développent des véritables  quartiers de plaisir (yukaku) qui constituent une grande source d'inspiration pour les maîtres de l'Ukiyo-e.

Les artistes ont particulièrement développé l'art de l'estampe, gravure sur bois, d'abord monochrome, puis utilisant une ou deux teintes et enfin , vers 1765, inventées par Suzuki Harunobu, des gravures polychromes, appelées nishiki-e, les images de brocart.

Les estampes, moins coûteuses que les peintures, permettent une ample diffusion du travail des peintres sous forme d'illustration pour des livres (e-hon), d'images de calendrier (e-goyomi), d'images commémoratives (surimono) et de feuilles indépendantes.

Les thèmes traités par les artistes de l' Ukiyo-e sont principalement les portraits de jolies femmes (bijin-ga), portraits d'acteurs de kabuki, scènes érotiques (shunga), puis fin XVIII ème et au XIX ème , les paysages et les scènes tirées de l'observation de la nature (kacho-ga) : insectes, oiseaux, fleurs…

Ces différents genres donnent naissance à de véritables chef- d'œuvres dus à d'immenses artistes dont les plus connus en Occident sont Utamaro, Hokusaï et Hiroshige.

Utamaro (1753-1806), grand spécialiste de bijin-ga, très tôt connu en Occident grâce à la monographie d'Edmond de Goncourt , on peut retenir l'Almanach des maisons vertes ou le merveilleux Livre des Insectes.

Hokusai (1760-1849), génie prolifique, nous a laissé une œuvre d'une qualité exceptionnelle. Citons, par exemple, Les trente six vues du mont Fuji, dont est issue la Grande Vague, célébrant la puissance de la mer, la fragilité de la condition humaine et l'impassibilité de la Nature ; les Cent vues du mont Fuji ; la Manga (quinze volumes publiés entre 1814 et 1878), carnets de croquis de l'artiste et un sommet de l'art érotique : l'estampe de la Pêcheuse d'abalones et pieuvre.

Hiroshige (1797- 1858) est un grand paysagiste à qui l'on doit, entre autre, les Cent vues célèbres d'Edo.

Ces grands maîtres, collectionnés par les peintres d'avant-garde du XIX ème siècle comme Manet, Monet, Gauguin ou Van Gogh, ont influencé une part de notre modernité et continuent d'exercer sur nous une grande fascination.



Illustration : Utamaro, Les trois modèles : O-Hisa, O-Kita and O-Hina. 

Bibliographie