La montagne est aussi une forme topographique, le produit des forces géologiques qui animent notre monde : c'est l'orogenèse. L'étudier c'est se familiariser avec tout un lexique aussi étrange que bigarré. La montagne est tout aussi bien une pente qu'un versant, un ubac qu'un ardé, un sommet qu'une vallée. Ici elle est le fruit d'une collision, là d'une subduction et plus loin d'un chevauchement. La montagne se crée dans un conflit géologique, une lutte silencieuse qui dure depuis la nuit des temps.
Mais c'est aussi un espace habité et un milieu politique dans bien des cas. Trop souvent elle a pâti d'une légende noire, celle d'un espace en marge de tout courant humain, de toute civilisation. On l'a longtemps considérée comme un bloc imperméable. Sans doute est-ce en partie vrai mais pas systématiquement. La montagne a créé des cultures, des peuples et des histoires. Elle appelle encore à elle des marcheurs, des explorateurs. Elle est un lieu sauvage mais dont le genre humain ne sait se passer. Elle a encore de beaux jours devant elle.
Partir à la montagne c'est s'embarquer pour un autre monde que celui de la plaine. C'est aussi bien se mesurer à la puissance du monde qu'à ses propres limites. Gravir une montagne est aussi complexe que d'ouvrir un livre : il est parfois long et fastidieux d'en venir à bout mais une fois la dernière page tournée on ne peut s'empêcher de ressentir de la fierté.