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Honneur aux femmes

Publié le 16/03/2010
Bien qu'une seule journée par an nous paraisse un peu court pour honorer la gente féminine, cette fameuse journée de la Femme nous donne l'occasion de s'adonner à un petit jeu des plus plaisants : sonder les femmes et les jeunes filles libraires afin de savoir quelles lectures les ont bouleversées en tant que femme, quelles auteures ont su les saisir aux tripes, les ont bousculées, les on faites grandir parfois… La tribune est ouverte. Paroles aux femmes :

Sylvie L. a choisi Lettre à D. d'André Gorz : « Lettre à D., c'est un témoignage d'amour poignant d'André Gorz pour sa femme, celle qui a partagé sa vie, qui était derrière chacun de ses pas… Un hommage émouvant à la femme de sa vie qu'il écrivit à l'âge de 84 ans, après 58 ans de mariage. »

Martine B. a été touchée par Joue-nous Espanâ de Jocelyne François : « le récit du combat d'une femme qui, après son divorce, décide, malgré le jugement et le regard pesant de sa famille et de la société, de vivre son histoire d'amour avec une femme. Poétique et bouleversant. »

Fleur A. a choisi  Mal de pierre de Milena Agus : « Variation sur le célèbre Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stefan Zweig, le premier roman traduit en français de Milena Agus fait certainement partie des textes les plus émouvants qu'il m'a été donné de lire sur la question de la féminité. Raconté du point de vue de sa petite-fille, pour qui le mystère qui entoure le personnage de sa grand-mère va se lever par étapes successives, Mal de pierre retrace le destin d'une femme quelque peu fantasque, tiraillée entre ses rêves et ses obligations. Écrit dans une langue à la fois simple et poétique, ce livre est une véritable petite merveille. »

Karine G. : « C'est ma mère qui m'a mis entre les mains Un barrage contre le Pacifique, le premier livre de Duras que j'ai lu. Je m'en rappelle encore, j'ai ouvert le livre, lu quelques lignes, l'ai refermé, et puis je l'ai commencé, et n'ai pas pu m'arrêter. Lu, dévoré, adoré. C'est ainsi que naissent les passions. Après ce livre cet été-là, j'ai lu Le marin de Gibraltar, Les petits chevaux de Tarquinia, Dix heures et demie du soir en été, Moderato Cantabile – et finalement, oui, j'ai lu tout Duras, ou presque. Elle m'a accompagnée pendant des années, et de temps en temps, j'y reviens encore. Elle ne me quitte pas. Dans Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras voulait magnifier sa mère, son combat contre les vagues, l'idée folle de construire des barrages pour contenir l'océan qui vient ravager les rizières... J'ai su plus tard que la mère de Marguerite l'avait lu comme l'histoire de sa déchéance, et qu'elle avait détesté le livre. Moi, je remercie la mienne, de mère, de m'avoir transmis son amour de la lecture et de m'avoir fait découvrir Duras. »

Véronique M. et A la recherche du temps perdu de Marcel Proust : « A la recherche du temps perdu est pour moi LA découverte fondatrice qui depuis me fait aimer la compagnie des livres et le goût des mots. Ce choix n'est peut-être pas original car partagé par beaucoup, mais malgré sa densité et les deux ou trois relectures, je n'aurai jamais fini de m'y perdre et d'y revenir, et c'est cet inépuisable désir à l'œuvre, et désir de l'œuvre qui me parlent toujours. La femme (mère ou amante) demeure insaisissable, irréductiblement manquante alors que l'œuvre à venir se détache et se dessine peu à peu comme le véritable objet de la quête. Cela fait plusieurs années que je ne trouve pas le temps de relire cette somme, car je sais qu'à partir de ce moment je ne vais vouloir faire que ça... Alors j'en lis quelquefois de brefs extraits comme des prières (les clochers de Martinville, la mort de la grand-mère, l'apparition d'Albertine sur la plage...), ou j'attends avec impatience peut-être la retraite ! »

Emma F. a choisi Lignes de faille de Nancy Huston «Du lien indéfinissable qui unit les générations d'une même famille. »

Isabelle G., L'analphabète dAgota Kristof : « C'est une biographie, le récit d'un combat de femme, d'une vie bouleversante : son enfance en temps de guerre, l'exil, … »

Sylvie D. a choisi Meurtres entre sœurs de Marcia Willet : « La vraie réjouissance dans ce livre est de le déguster avec ses sœurs. Un petit bonheur de perfidie et de cynisme mêlés à un humour très britannique. Ces 3 sœurs s'empoisonnent, au propre et au figuré sur plus d'un demi-siècle. Une surenchère dans le fiel et quelle malveillance réjouissante ! »

Maria D. a choisi le tonitruant Tank Girl de Martin Alan et Jamie Hewlett : « Un comics américain, au graphisme époustouflant, dans une Australie post-apocalyptique où évoluent une bande de féministes anarchistes écrasant tout sur leur passage. »

Olivia C., Geisha d'Arthur Golden : « La découverte d'un autre monde, une autre culture - qui réunit le rêve, la beauté et les arts – et l'histoire poignante d'une jeune fille vendue par son père à une maison de plaisir. »

Isabelle H. et L'Odeur du gingembre d'Oswald Wynd : « Au début du siècle dernier, une femme accompagne son mari, militaire en Chine mais sa rencontre avec un japonais va bouleverser sa vie : une passion amoureuse dévorante va s'emparer d'elle et lui faire trahir tous les codes qui régissaient sa vie – choc des codes sociaux et choc des cultures. Un roman qu'on ne lâche pas. »

Marie C. a été marquée par Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos : « un roman de découverte et d'apprentissage sur la nature humaine, ses vices et bien plus encore. Toutes les jeunes filles devraient l'avoir dans leur bibliothèque. »

Anne G. et Chinoises de Xinran : « Ce livre est essentiel pour comprendre à quel point la situation des femmes en Chine est encore ambigüe. Coincées entre tradition et volonté de se moderniser, chacune tente, à sa manière, de briser le tabou de l'indépendance féminine pour s'émanciper. Bouleversant et pourtant d'une grande beauté. »

Isabelle a choisi Blonde de Joyce Carol Oates : « C'est l'histoire d'une femme sans re-pères: on s'immisce dans la psychologie de Marylin sous la plume intimiste et magistrale de Joyce Carol Oates. J'ai passé deux jours à lire ce roman, je n'en suis pas ressortie indemne. »

Adeline se passionne pour la série des Artie Cohen de Reggie Nadelson : « J'ai lu trois de ses livres avant de savoir que l'auteur était une femme. J'ai été soufflée par le fait qu'une femme puisse créer un personnage masculin d'une telle violence. Une étonnante mais agréable surprise.»

Émilie D.et Paroles de femme d'Annie Leclerc : « Un manifeste sur la place des femmes dans la société. Un autre deuxième sexe. »

Céline C. et Le néant quotidien de Zoé Valdès : « Un portrait de Cuba et de femme tout en sensualité et sincérité. Un livre qui remue le cœur et les tripes. »

Véronique D. a choisi Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee : « Un roman qui porte un prodigieux regard sur l'enfance. Profond, délicat. Il a en outre donné un merveilleux film : Du silence et des ombres. »

Régine T. a choisi Le choix de Sophie de William Styron : « Ce roman ne se limite pas à l'histoire d'une mère – dont on sait le choix qu'elle a dû faire – c'est aussi l'itinéraire d'une femme qui cherche à se reconstruire. Paradoxalement, presque un hymne à la vie. »

Myléne R. et sa rencontre avec L'Art de la joie de Goliarda Sapienza : « On y suit le parcours d'une femme fantastique et décalée pour son époque – début du siècle dernier –, d'une liberté révolutionnaire, débarrassée de tous ses tabous. Un livre bouleversant et initiatique à mettre dans sa bibliothèque idéale. »

Valérie D. a choisi La condition ouvrière de Simone Weil pour « l'engagement total de cette femme, le courage politique, philosophique et personnel dont elle a fait preuve dans sa démarche. Une Florence Aubenas dans les années 30, puissance 10. »

Catherine L. et Des yeux dans les arbres de Barbara Kingsolver : « un roman où plusieurs voix de femmes (une mère et ses filles) s'opposent à celle d'un homme (le père et mari) sur fond de décolonisation africaine. Une grande rencontre. »

Marlène T. a choisi la Défense des droits de la femme Mary Wollstonecraft : « le manifeste de l'une des premières féministes qui combattit pour l'égalité entre hommes et femmes. »

Marion C. et Le ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras : « pour la puissance de la rencontre avec une écriture, avec une femme, avec la littérature et toute la puissance émotionnelle qu'elle peut communiquer. »

Delphine S.-B. et le Palanquin des larmes de Ching Lie Chow « ou l'histoire d'un mariage forcé dans la Chine nouvelle qui secoue et donne à réfléchir sur la condition des femmes dans le monde. »

Amélie L. a choisi la puissante et déroutante Trilogie des jumeaux d'Agota Kristof : « l'une de mes plus grandes claques littéraires. »

Sarah V. et Las Rosas d'Anthony Pastor : « J'ai adoré ce livre qui se passe dans une station service. C'est une communauté de femmes portant chacune un lourd passé et poignant passé. Un récit choral intense qui oscille entre western et telenovela, à la sauce très très relevée ! GÉNIAL ! »

Et enfin Lennie D. a choisi King Kong Théorie de Virginie Despentes « pour la réflexion qu'elle apporte sur le rôle des femmes dans nos sociétés, brisant ainsi les clichés et les stéréotypes que les hommes et parfois-même les femmes ont digéré. Un livre qui fait réfléchir.»

Bibliographie