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Il y a cent ans, Apollinaire...

Publié le 08/11/2018
Grand inventeur des formes, inspirateur des arts, amoureux absolu et intense, Guillaume Apollinaire est mort il y a cent ans. De magnifiques parutions viennent rappeler son génie.

Le 9 novembre 1918 Guillaume Apollinaire succombe de l'épidémie de grippe espagnole et de ses blessures contractées sur le front. Dorénavant et depuis cent ans, les Français « parlent tous la langue d’Apollinaire » selon l'hommage de son meilleur rival Blaise Cendrars. Ses amis artistes de son époque  (Picasso, Marcel Duchamp, Francis Picabia, Matisse, Jean Cocteau, Louis Aragon, André Breton…)  avaient tous perçu l'importance et l’influence considérables de ce génie pour lequel "chacun de [ses] poèmes est la commémoration d'un événement de [sa] vie".

Alcools paru en 1913 accompagné d’un portrait de Picasso, son recueil le plus lu, s'ouvre avec le poème "Zone" qui devient le manifeste de la modernité littéraire, notamment par l’absence de ponctuation jugée provocante et les associations d'images, tels certains vers énigmatiques : "Et l'unique cordeau des trompettes marines" ou le troublant "Soleil cou coupé ". L’art visuel, le cinéma naissant et la peinture cubiste n’ont cessé de le fasciner : quand il invente le mot « surréalisme » (préface de sa pièce Les Mamelles de Tirésias) ou ses audacieux poèmes graphiques Calligrammes, mais aussi lorsqu'il crée avec le graveur Raoul Dufy en 1911 son merveilleux Bestiaire ou Cortège d’Orphée, récemment réédité, sans oublier les eaux-fortes et aquarelles de son ami Louis Marcoussis pour Alcools réunies en fac-similés dans un très beau coffret anniversaire.

Son oeuvre protéiforme s’est illustrée dans divers styles et genres : poésie, théâtre, contes, récits érotiques, dessins, scénarii mais aussi chroniques, critiques et essais sur l’art, ainsi que sa correspondance qui nous donne à lire de déchirantes lettres destinées aux femmes de sa vie, insensibles amantes qui, en lui résistant, lui inspirent des déclarations enflammées et déchirantes tout en assurant la reconnaissance à celui qui déclarait "l'amour même c'est la poésie naturelle de la vie". Citons parmi ses plus célèbres muses l'Anglaise Annie Playden ("La Chanson du mal-aimé"), la peintre Marie Laurencin ("Marie", "Le pont Mirabeau"), sans oublier Lou "son petit soleil" dont il se languit en 1915 au fond de sa caserne de soldat :

Lance ta lettre, obus de ton artillerie,

Qui doit me redonner la vie et le sourire "

Car malgré l’ennui ou l’horreur des tranchées, Apollinaire parvient à faire de la guerre dans laquelle il s’est volontairement engagé un saisissant matériau poétique et charnel : "des mitrailleuses d'or courent les légendes", et compare les fusées dans le ciel étoilé à "des dames qui dansent".
"Poète assassiné" ou "enchanteur pourrissant" tel qu’il se décrit avec humour noir, Apollinaire demeure le "guetteur mélancolique" pour lequel "le temps est aux instincts brutaux. Pareille à l'amour est la guerre".

Un siècle après, cet éternel amoureux des "belles choses neuves" demeure l'inventeur enthousiaste d'un nouveau langage poétique et prophète des temps à venir :

" Il y aura l’âge des choses

légères. On dépensera des millions

pour des choses qui serviront

durant une minute et qui s’

évanouiront, et des chefs-d’œuvre

seront aussi aériens

que les aviateurs"

 

Belles éditions et ouvrages commémoratifs

Oeuvres de Guillaume Apollinaire

Correspondances

Apollinaire et les arts

Biographies et essais critiques

Apollinaire et la Grande guerre