Chargement...
Chargement...

Merleau-Ponty ou la pure présence au monde

Publié le 07/05/2008
Penseur du sensible, chercheur de sentiers vers le monde perçu, initiateur de la phénoménologie en France, Merleau-Ponty aurait eu 100 ans cette année.
Agrégé de philosophie, titulaire d'un doctorat en Lettres, Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), professeur dans le secondaire devint professeur de philosophie à l'université de Lyon, puis professeur de psychologie de l'enfant et de pédagogie à la Sorbonne. En 1952, il est élu titulaire de la chaire de philosophie du Collège de France où il enseignera jusqu'à sa mort.

Avec Sartre et Beauvoir il créera, en 1945, la revue Les temps Modernes. Toutefois entre Merleau-Ponty et Sartre la controverse sur la question du marxisme, à partir de 1949, sera active. Une rupture amicale et intellectuelle s'ensuivra. C'est donc sous l'influence de Husserl qu'il va développer son projet phénoménologique, alliant conscience et nature dans une dialectique articulant le sens proféré et ce qui se révèle dans les choses. "Toute conscience est conscience perceptive" nous dit Merleau-Ponty pour qui il convient d'appliquer le mot d'ordre husserlien et d'opérer un « retour aux choses ». «. La perception devient alors active en tant qu'ouverture primordiale au monde vécu. Il s'agit donc de ressaisir l'homme concret en tant qu'il est à la fois inscrit dans l'épaisseur du monde, lié à ses évènements et acteur du retour possible vers ce monde, le pensant et l'éprouvant.

Du corps - condition de l'ouverture perceptive au monde et source de l'expérience - au langage, - producteur de sens et lieu de l'expressivité-, Merleau-Ponty pense la complexité du rapport au monde et de son lien à l'intersubjectivité et à l'histoire. Il prône ainsi le primat de l'intersubjectivité dans la constitution de soi, dépassant le cogito cartésien pour insister sur le caractère actif du sujet dans son rapport aux autres. Revenant sur le corps, Merleau-Ponty développe le concept de chair. C'est le corps propre du sujet en tant qu'il est à la fois passif et actif, percevant et perçu, lieu de la réversibilité et du chiasme. C'est donc une ontologie que va constituer le philosophe, marquée par un paradoxe de l'Être, dépassant la classique séparation de l'apparence et de l'Être, du visible et de l'invisible. C'est davantage dans les entrelacs du sens que va se saisir le sujet. C'est l'abandon de la dualité du sensible et de l'intelligible, l'invisible pouvant soutenir le visible. Son intérêt pour les arts et en particulier pour la peinture de Cézanne, conduira Merleau-Ponty à interroger plus avant la notion d'expressivité et les questions du sens et du langage. Le peintre donne à voir le monde, « un objet en train d'apparaître, de s'agglomérer sous nos yeux ». L'œuvre artistique est œuvre perçue, manifestation d'expressivité et productrice de sens. L'analyse de expérience esthétique que propose Merleau-Ponty illustre alors pleinement l'articulation de sa pensée.

En définitive, revenir à Merleau-Ponty, c'est s'autoriser à dépasser le simple raisonnement, c'est s'ouvrir à une philosophie qui se propose de "rapprendre à voir le monde" et à rencontrer l'homme lui-même. Que l'anniversaire de sa naissance nous engage à réinvestir ce monde-là, fait de découverte et d'étonnement, dialoguant profondément et constamment avec autrui mais aussi avec soi-même.

Bibliographie