Artiste visuelle française installée à Genève, Lauren Huret interroge les nouveaux mythes de la communication ainsi que les nouveaux imaginaires liés aux technologiques contemporaines : dernières prouesses d'Internet et de la dématérialisation, avancées de l'intelligence artificielle, de l'informatique, des pouvoirs du langage iconique et d'une « performativité », toujours plus efficiente, des images amassées sur les réseaux sociaux et sur divers sites d'information.
Associé à une recherche sociologique et à une pratique du documentaire de terrain, le travail de Lauren Huret remet en cause les moyens de diffusion de masse de l'information, du traitement des images transmises mais également de la répercussion de ces dernières sur le public.
Pour sa première exposition en France, au Centre culturel suisse (Paris), Lauren Huret se penche plus particulièrement sur les images invisibles d'internet :

« Pour gérer le flux d'images violentes, offensives et traumatisantes qui se déversent sans cesse sur les plateformes tels que Facebook ou Instagram, ceux-ci font appel à des entreprises de sous-traitance qui emploient des centaines de milliers de personnes dont la profession, content manager, consiste à trier et censurer ces contenus.
Exposés à des dizaines de milliers d'images traumatisantes chaque jour, soumis à des conditions de travail effrayantes, les content managers – qui travaillent principalement à Manille, aux Philippines — n'ont accès à aucun support psychologique et sont tenus au silence par des rapports obscurs liés à la sous-traitance. »

Pour la publication ce petit ouvrage, Lauren Huret a fait appel à différents chercheurs et théoriciens spécialisés, tels le philosophe Yves Citton qui élabore son concept d'images « radioactives » (insistant sur la contamination de ces images maudites dans notre quotidien numérique) ; la journaliste et experte des nouveaux médias, Sarah T. Roberts, qui livre une simple mais efficace introduction historique au fonctionnement de cette industrie de l'ombre, et le chercheur et professeur de psychologie Manos Tsakiris qui analyse « l'impact de l'image photographique sur différents sujets et les conséquences quant à la perception de la réalité, le comportement individuel, empathique et politique. » 
Un ouvrage essentiel sur une affaire peu médiatisée, mettant en cause ces « images troublantes, violentes et traumatisantes qui montrent à quel point l'acte de vision peut laisser une empreinte indélébile dans la mémoire ».