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Donald Woods Winnicott

Publié le 04/05/2010
A l'occasion de la parution d'un ensemble d'ouvrages biographiques et théoriques à propos de Donald Woods Winnicott nous vous proposons un rapide panorama de l'œuvre de ce célèbre pédiatre et psychanalyste anglais
Indices biographiques

Donald Woods Winnicott naît le 7 avril 1896 à Plymouth. Il est le benjamin d'une fratrie de trois enfants dont il est le seul garçon. Son enfance est généralement décrite comme heureuse, au sein d'une famille valorisant la créativité et l'indépendance de la pensée. D'aucuns diront que Winnicott aura bien de la peine à se séparer de cette ambiance familiale, mais cela influencera aussi très fortement ses préoccupations de clinicien.
Winnicott, après ses années de collège et de guerre, durant lesquelles il entreprend sa formation de médecin, va se spécialiser en pédiatrie à partir des années 1923-1924. C'est alors qu'il débute une analyse avec James Strachey. Cette analyse sera poursuivie avec Joan Rivière et Winnicott, d'abord sous l'influence de Mélanie Klein, devient membre associé de la British Psycho-Analytical Society en 1934. Il commence son activité de psychanalyste d'enfant l'année suivante tout en poursuivant son parcours au sein de cette société. Il en devient membre titulaire en 1936 et obtient le titre de didacticien en 1940.
Il va se retrouver au cœur des controverses entre Anna Freud et Mélanie Klein et rejoint le middle group, commençant à s'intéresser encore davantage aux effets de l'environnement sur le développement du sujet humain.
Après guerre, il devient directeur du service pédiatrique de la London Clinic of Psycho-Analysis avant d'accepter le poste de président de la British Society durant deux périodes (1956-1959 puis 1965-1968).
Il va alors multiplier les interventions, en particulier radiophoniques, faisant connaître et reconnaître l'intérêt de la psychanalyse dans la compréhension de l'enfant et de ses parents.

Il se marie en 1951 avec sa seconde femme Clare après avoir divorcé de Alice en 1949.

Malade depuis plusieurs années, D. W. Winnicott s'éteint dans son sommeil le 25 janvier 1971, laissant une œuvre considérable qui continue à éclairer la pratique de nombreux cliniciens de l'enfance et de l'adolescence, proposant une lecture singulière de la constitution du sujet dans ses liens avec son environnement humain, le montrant précurseur d'une certaine idée de l'intersubjectivité.


Evocation de quelques concepts clefs de l'œuvre de Winnicott

La mère suffisamment bonne
Winnicott a envisagé l'enfant comme ne pouvant exister seul. Il doit y avoir, au début de la vie, une expérience d'une adaptation parfaite – ou de son illusion – de la mère à ses besoins. Mais très vite, cette adaptation nécessaire doit marquer le pas, elle doit autoriser à la constitution d'un sentiment de soi différencié, articulé aux besoins du moi et des exigences pulsionnelles de l'enfant. On perçoit ici toute la complexité de cette expérience de l'adaptation de soi à l'environnement. Celle-ci peut connaître des ratés pouvant conduire à des constitutions pathologiques du sujet. Winnicott insiste alors sur le rôle joué par une mère suffisamment dévouée, constituant un cadre empirique nécessaire à l'intégration de l'identité de l'enfant. Ainsi, cette mère good-enough pourra accorder ses éprouvés physiques et psychiques tant conscients qu'inconscients aux besoins de son enfant aux différentes périodes de sa prime évolution, l'amenant à l'instauration de relations d'objet satisfaisantes.

La capacité d'être seul
C'est un des concepts où la pensée de Winnicott se love au sein d'une paradoxalité qui en fait toute la substance créative. Il s'agit ici pour l'enfant de faire l'expérience de la solitude mais en présence de quelqu'un. C'est encore à la mère que ce rôle est proposé. C'est cette expérience qui permettra au sujet en devenir de supporter et de se représenter l'absence. Selon Winnicott, l'enfant devra alors accéder à une maturité lui donnant la possibilité de se figurer fantasmatiquement la scène primitive, celle de son origine. C'est alors la permanence de l'objet maternel qui va étayer le sentiment même de soi. Cela va s'articuler à la « relation au moi » qui permet à l'enfant de faire l'expérience de lui-même en lien avec le moi de l'autre. Comme l'indique J.-B. Pontalis, c'est « D'abord : « Je suis » que vient ensuite comme amplifier le « Je suis seul ».
Objet et phénomènes transitionnels
Nous nous trouvons alors au cœur de la pensée de Winnicott. Ainsi, c'est dans un entre-deux, associant la fantasmatisation et l'expérience de la réalité, le dedans et le dehors, le moi et l'autre que va se constituer l'essentiel des processus de constitution du sujet. L'objet dont il est ici question sera la première possession non-moi de l'enfant. Il va venir représenter toute la densité empirique et psychique à l'œuvre dans la constitution de soi. Cet objet favorise la séparation dans l'éprouvé même de la dépendance à l'objet comme autre sujet. Suivant Winnicott, cet objet doit être trouvé pour être créé au moment où il est créé pour être trouvé. C'est là le plus fort des paradoxes winnicottiens. C'est donc sur une illusion que va se trouver fondé toute expérience subjective future. Cela va constituer la transitionnalité de l'objet et des phénomènes psychiques à venir. L'aire transitionnelle, intermédiaire, lieu de ces expériences, profitera au sujet qui consolide alors son moi et sera le berceau de la créativité inhérente à la vie psychique. C'est là que va s'expérimenter le nouage entre les mondes intérieur et extérieur, entre le moi et le non-moi qui constituent les bases mêmes de l'intégration de la personnalité.

Le jeu
Winnicott a proposé d'envisager le jeu comme un élément crucial de l'organisation psychique du sujet, marque de la transitionnalité. Selon Winnicott, la psychanalyse elle-même est un jeu. Il marque alors son intention intersubjective. C'est la rencontre de deux créativités, plus ou moins accordées, qui va advenir et dont peuvent émerger les remaniements attendus du travail analytique. L'enjeu c'est le jeu pourrions-nous affirmer en suivant l'idiome winnicottien. Il faut que la capacité d'être seul soit intégrée par le sujet et c'est alors le play, spontané et subjectivement créatif, opposé au game, plus normé, qui va être recherché et étayé. Là sera le lieu du sentiment même de possession d'une identité, liée à la communication d'avec le vrai self, et cela conférera à l'humain le désir de vivre sa vie comme la sienne, échappant aux rets d'une identité d'emprunt, engluée dans le désir de l'autre (le faux self). Pour Winnicott, jouer, c'est faire, c'est créer son existence.

Bibliographie