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L'intelligence artificielle : amie ou ennemie ?

Une actualité de Rayon Sciences Humaines
Publié le 15/07/2023
Le mythe du XXIème siècle.
Alan Turing, mathématicien et pionnier de l’informatique, s’attela dès les années 1950 à déterminer si une machine pouvait être douée de conscience, ou si celle-ci était intrinsèque à l'être humain. C’est John McCarthy, dans le sillage de la cybernétique, qui prolongea ces réflexions dans un séminaire pionnier baptisé “l’intelligence artificielle” (Darmouth College, 1956). À la fin des années 1970, “l'informatique avancée” connait une première accélération, grâce à l’avènement des premiers microprocesseurs. Les systèmes restent cependant limités par rapport aux promesses entrevues : l’engouement retombe face aux nombreux problèmes de mise au point et de maintenance. En mai 1997, c’est le succès de Deep Blue au jeu d’échec contre Garry Kasparo qui marque les esprits et accélère la vulgarisation de l’intelligence artificielle auprès du grand public. On assiste, dès lors, à une véritable révolution technologique de l’apprentissage et des systèmes de langage, ainsi qu’au développement de multiples approches, qu’elles soient symboliques (basées sur la logique) ou connexionnistes (basées sur la biologie du cerveau).
Aujourd’hui, l’intelligence artificielle connaît une actualité sans précédent, ravivée par le triomphe du machine learning et du deep learning : ChatGPT d’Open AI, Bard de Google, Bing Chat de Microsoft… Publiée dans le New York Times en mars dernier, la tribune de Noam Chomsky alerte sur ce qu’il qualifie de “banalité du mal”, reprenant les mots de Hannah Arendt. Le fait est que l’intelligence artificielle a déjà envahi nos vies quotidiennes : maisons intelligentes, robots sociaux, voitures autonomes… Si elle renouvelle notre rapport au sensible, aux affects et à l’empathie, cette technologie nous questionne également sur ses implications éthiques et politiques, notamment sur des enjeux démocratiques et sécuritaires, de manipulation de l’information, de contrôle des connaissances, ainsi que d’une possible uniformisation de la pensée vers le discours dominant.
Le perfectionnement de l’intelligence artificielle conduit incontestablement à un changement de paradigme technologique et culturel, qui ne manque pas d’investir les imaginaires et la pop-culture : pensons à Matrix des sœurs Wachowski, L’Odyssée de l’Espace de Kubrick, ainsi qu’à la science-fiction de Franck Herbert ou de Philp. K. Dick. Car, “Si les objets échappent parfois au contrôle pratique de l’homme, ils n’échappent jamais à l’imaginaire” nous dit Jean Baudrillard. L’intelligence artificielle agite nos fantasmes et nos peurs, prophétisant la “singularité technologique” : ce moment de bascule où les machines dépasseraient les humains, cette fusion entre l’humain, la génétique, la nanotechnologie et la robotique, la création d’une (super)conscience qui remplacerait, voire dominerait, l’esprit humain.

Entre asservissement à la machine et fantasme de délivrance technique : que faut-il craindre de ces bouleversements socio-technologiques qui remodèlent le monde ? La pensée peut-elle réellement être simulée ? L’intelligence peut-elle vraiment être désincarnée ? Comment fonctionnent ces algorithmes ? Les machines devraient-elles avoir des droits ?
Autant de questions dont il faut nous saisir collectivement. 

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