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Comment parler des lieux en littérature ?

Publié le 27/01/2012
Grâce à la fantaisie et au sérieux coutumiers de Pierre Bayard, vous qui savez déjà parler des livres sans les avoir lus pourrez à coup sûr cette année parler des pays où vous n'avez jamais mis les pieds !
Cinq ans après le succès de Comment parler des livres qu'on n'a pas lus ? qui levait un tabou propre à nombre de situations de la vie sociale (dans une conversation entre amis, par exemple) et professionnelle (en tant que professeur, critique, psychanalyste comme l'est Pierre Bayard, mais aussi journaliste, sans oublier le libraire confronté quotidiennement à ce fait), l'auteur récidive dans son nouvel essai toujours à mi-chemin de la fiction. Pied-de-nez malicieux et réflexion brillante sur la littérature, Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ? recommande avec de semblables méthodes qu'en 2007 qu'il est tout à fait possible à chacun de parler et a fortiori d'écrire à partir de voyages imaginaires ou intérieurs, tel Marco Polo qui n'aurait jamais dépassé Constantinople alors qu'il est considéré comme le découvreur de la Chine ! Arguant du fait que tout récit de voyage est également un formidable creuset d'imagination, soit une œuvre plastique et mobile qui permet à l'écrivain de remodeler à sa guise la réalité d'un pays et sa situation virtuelle dans celui-ci, Pierre Bayard nous propose, auprès d'illustres exemples pris dans la littérature dite de « voyages » (Marco Polo, Jules Verne, Edouard Glissant, Chateaubriand, Blaise Cendrars) mais aussi dans la littérature anthropologique (Margaret Mead et sa construction du pays imaginaire des îles Samoa), le journalisme, le sport et la famille (lieu par excellence où se construit le « roman familial » cher au psychanalyste) d'adopter la vision d'ensemble et l'observation à juste distance du « voyageur casanier » tel qu'il se définit, avatar de son narrateur fictif qu'il avait déjà prôné pour sa célèbre « non-lecture » cinq ans auparavant. Selon Pierre Bayard et à sa suite, il importe en arts comme ailleurs d'ouvrir grandes les frontières et de laisser circuler les époques (voir son Plagiat par anticipation, Minuit, 2009 et le dossier des libraires : « Littératures de l'imposture : plagiats, pastiche et parodie » ), les êtres de papier que sont les personnages, les lecteurs et même les écrivains (voir Et si les œuvres changeait d'auteurs, 2010 et réécouter le podcast de la conférence).

Sorte de laboratoire idéal d'expérimentation, cet espace littéraire est résolument « atopique, c'est-à-dire qu'il ne connaît aucune des limites qui organisent la géographie du monde réel », libéré des contraintes (spatiales, temporelles, discursives) et des traditions universitaires figées. Pierre Bayard propose alors de baptiser « critique atopique » cette approche renouvelante de la création qui prenne en compte sa dimension psychique puisque l'inconscient (d'un sujet, auteur ou lecteur, et a fortiori d'une œuvre !) ignore les cloisons (genres, pays, époques) qui d'ordinaire ferment notre perception et nous éloigne de ce « pays intérieur » défendu par P. Bayard.

Malgré le titre toujours volontiers provocateur et son propos qui secoue une nouvelle fois la théorie littéraire en déjouant l'horizon d'attente du lecteur curieux, Comment parler des livres qu'on n'a pas lus ? suscite un tour d'horizon nécessaire (mais non exhaustif) autour de quelques récits littéraires et d'essais qui arpentent, mettent en scène et interrogent notre espace géographique :

Non-voyager en compagnie de Pierre Bayard (principaux écrits cités dans son essai)

Voyager en compagnie d'écrivains célèbres

Écrivains voyageurs du mythique Transsibérien

Essais théoriques généraux sur la notion d' « espace »

Quelques lieux et auteurs associés

L'espace questionné par les écrivains contemporains

Sur des lieux imaginaires, fantasmatiques, mythiques, originaires…