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La prostitution au XIXème siècle

Publié le 03/11/2010
La Révolution française a fait place à un nouveau système de société, le XIXème siècle verra émerger de nouvelles classes sociales mais certaines seront également marginalisées, les prostituées sont de celles-là.
Ces « filles de noces » comme les appelle l'historien Alain Corbin, sont exclues du modèle bourgeois qui s'installe à Paris. Les maisons de tolérance dans lesquelles elles doivent se cloîtrer sont apparues afin de cacher cette misère sociale, pourtant nous constaterons très vite à quel point cela fut utopique. Car si ces femmes sont montrées du doigt par les bourgeoises parisiennes, elles intéressent tout autant leurs maris. Une clientèle aisée côtoie de plus en plus régulièrement ces femmes de boulevards, sans, selon Flaubert, Paris ne serait pas Paris.

La prostituée est associée à tous les maux susceptibles de venir troubler les valeurs nouvelles de la France. Elles sont dites responsables des maladies comme la syphilis, elles incarnent tous les péchés : luxure, adultère, péché originel de la chair… Mais le reproche le plus grave qui leur ai fait est leur non-contribution à l'épanouissement de la vie sociale.
Les prostituées sont célibataires (et ne doivent surtout pas se marier car elles engendreraient des monstres) et par-là même ne peuvent fonder de familles, elles ne sont alors d'aucune utilité… On leur reconnaît l'apprentissage de la sexualité pour les futurs époux mais ça s'arrête là…

En dehors de leurs clients leurs fréquentations ne sont guère recommandables. Les hommes célibataires, eux aussi marginalisés, (dont bons nombres d'artistes) apprécient leur compagnie et en font part dans leurs œuvres. La Nana de Zola manqua de peu d'être censurée, l'Olympia de Manet fut immédiatement reconnue comme étant une prostituée ce qui fît scandale !! Les poèmes (magnifiques) que Baudelaire dédie à ces femmes de la nuit qui « pour avoir des souliers ont vendu leurs âme » (Poésies de jeunesse) sont aujourd'hui reconnus comme de véritables œuvres mais à l'époque ses poèmes se vendaient sous le manteau.

La perception de la prostitution au XIXème siècle témoigne d'une mutation des formes de désirs et de séduction. Les filles de joie ont une place paradoxale dans la société, accusées de tous les maux elles sont tout de même « tolérées » comme mal nécessaire à l'assouvissement de certains besoins. Portées par les écrivains et les peintres, détestées par les femmes bourgeoises, cachées par les époux qu'un mariage ne comble pas, les prostituées ont en un sens contribué à l'évolution des mœurs. Aujourd'hui de nombreux auteurs et historiens se sont penchés sur ce versant de notre histoire française et cela n'est pas sans nous déplaire.

Bibliographie