Le surfeur type n’existe pas. La culture surf compte diverses représentations pouvant même s’opposer. Point commun indéniable, l’image « cool » qu’il véhicule. Toutefois, ce sport de glisse ne peut être réduit à une simple pratique technique. Pour comprendre la liberté qui le caractérise et la philosophie qui le porte, remontons le fil de l’histoire. Les premiers témoignages occidentaux à son propos remontent aux explorations menées courant XVIIIe dans le Pacifique par La Pérouse ou James Cook. Les Européens, pour lesquels les activités aquatiques sont inexistantes, décrivent avec étonnement et admiration la dextérité des « natifs » à manier les planches. Toutes les couches de la population, à tout âge, s’adonnent au he’e nalu quotidiennement. Au-delà du plaisir procuré, cette coutume revêt des aspects religieux, politiques et sociaux. Elle permet tour à tour de s’affirmer, de s’affronter lors de joutes sportives, de créer des échanges lors de fêtes religieuses ou encore de séduire.
Au cours du XIXe, la pratique du he’e nalu tend à disparaître. Plusieurs facteurs y contribuent : arrivée de missionnaires calvinistes, déclin de la population insulaire, développement de l’économie, modification de l’ordre politique. Si l’île du Pacifique s’occidentalise, c’est pourtant dans sa forme de résistance aux missionnaires et grâce au tourisme que le he’e nalu va se transposer en surf moderne. Alors que le XXe siècle s’ouvre, la notoriété du surf va crescendo. Les premières vagues de touristes arrivent, accueillies par des ambassadeurs locaux, baptisés beachboys, assurant cours de pirogue et de surf aux voyageurs en quête de sensations qui n’hésitent pas à témoigner de leur expérience dans leur pays d’origine. Le lifestyle né sur les plages hawaïenne s’apprête à déferler sur le monde !
Le surf moderne se déploie en Californie. Duke Kahanamoku, champion olympique de natation, en est le « père fondateur ». Premières stations balnéaires, premières compétitions et premières productions de planches en série favorisent le développement de la pratique. Au début des années 60, la Californie compte près de 150 000 surfeurs. La professionnalisation et la popularisation de la culture surf sont au cœur des deux décennies suivantes : cinéma, musique, commerces, médias, production de matériel, institutions sportives… tous les maillons de la chaîne entrent en corrélation.
En France, le surf débarque par la Côte basque dans les années 1950 à la faveur d’un tournage de film américain. L’équipe arrive avec une planche dans ses bagages. Les pionniers français, les « Tontons surfeurs », vont s’en emparer, la reproduire et se jeter à l’eau ! Pari gagné, l’Aquitaine demeure à ce jour le siège européen de l’industrie du surf.
En 1964, la Fédération Internationale de Surf est créée, le premier titre de champion du monde décerné. Le succès international de deux amis en quête de la vague parfaite dans The Endless Summer participe à la construction de l’image moderne. En 1970, le surf devient plus radical grâce au shortboard qui permet de rentrer dans la vague et de créer des figures techniques.
Les années 80 marquent un tournant et parachèvent la popularisation du surf contemporain. La filière professionnelle bénéficie d’importants apports en capitaux ; le surf se commercialise et s’oriente vers un marché de masse. Icône du surf, Kelly Slater incarne cette notoriété acquise, aussi connu des néophytes qu’admiré de ses pairs, en décrochant 11 titres mondiaux, un record absolu. À 46 ans, il effectue en 2019 sa dernière saison en World Championship Tour.
Pratique sportive, quête de liberté, culture pop, mode(s) de vie, expressions artistiques, lien avec la nature…le surf incarne de multiples conceptions, à découvrir ou approfondir !
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