Une sélection reprenant la question posée par Laélia Benoît dans son ouvrage Infantisme aux éditions du Seuil
L'enfance comme toute chose en ce monde charrie dans son sillage des préjugés (positifs comme négatifs) comme autant d'éléments révélateurs de la condition des enfants dans notre société. La notion d'infantisme permet de faire la critique de cette condition particulière et de mettre au jour, à la suite de la philosophe et psychanalyste américaine Elizabeth Young-Bruehl, un continuum dans la façon dont sont perçus et traités les enfants dans la société du plus choyé au plus maltraité.
L'infantisme est ainsi cette notion née aux États-Unis dans les années 70 alors que la société américaine était secouée par les revendications sociales et politiques portées par les femmes, les communautés LGBTQI et les personnes racisées. A ne pas confondre avec l'infantilisme, elle est encore très mal connue en France. L'arrivée d'un concept nouveau venu d'ailleurs entraîne souvent confusion, incompréhension, crispation voire rejet malgré (ou peut être à cause de?) sa capacité à saisir une réalité du monde : il vient souvent faire effraction dans une représentation déterminée pour ne pas dire rigide des choses qui in fine arrange bien du monde. Sans doute parce-que lorsque "nous considérons un comportement abusif comme résultant d'une pathologie individuelle, nous pouvons le condamner moralement tout en gardant bonne conscience. Dès lors que nous identifions le caractère collectif du problème, nous nous devons d'examiner le rôle que nous jouons, souvent à notre insu, dans le maintien de ce statut quo délétère."
Laelia Benoît a rédigé pour la collection Libelle aux éditions du Seuil un ouvrage extrêmement bien fait et très synthétique qui explique la notion, reconstitue sa généalogie en même temps qu'elle la resitue dans le contexte socio-politique d'aujourd'hui. A l'heure d'un retour à la discipline voire à la répression éducative des enfants dans les discours et dans les faits (time-out éducatif, uniforme à l'école, mise en place du SNU) et d'une persistance endémique des violences physiques, sexuelles et morales envers les mineurs, il est temps d'interroger "les motivations profondes qui poussent les adultes à les considérer comme des êtres inférieurs et incomplets" et d'apporter des propositions pour améliorer la condition politique des individus qui composent le monde de l'enfance et ainsi améliorer la condition de tous les membres de la société.
Autour de cet ouvrage introductif, nous vous proposons une sélection de livres écrits par des psychologues, des spécialistes des sciences de l'éducation, des philosophes et sociologues qui prolongent cette réflexion et l'enrichissent de leurs éclairages et de leurs propositions pour amorcer un changement dans le sens de la considération et de l'émancipation.