L'Union des républiques socialistes soviétiques se fonde sur une utopie : l'avènement d'une nouvelle humanité telle que conçue par l'idéologie communiste. Elle tenta par de nombreuses façons de créer un monde nouveau dans lequel l'Homme rouge devait remplacer le prince blanc. Ainsi devait s'ouvrir la voie à une nouvelle ère de prospérité garantie par un certain idéal de progrès, par une agriculture et une industrialisation collectivisées et productivistes guidées par la dialectique marxiste-léniniste. Libérée du joug du capitalisme prédateur, des traditions dites archaïques, de la nation et de la religion, le jeune régime soviétique devait devenir le phare d'un monde nouveau à bâtir sur les cendres encore chaudes de l'ancienne Russie tsariste.
Mais celle que l'on nomma officiellement en 1924 URSS ne fut-elle pas au fond, comme certains l'affirment, qu'un "grand mensonge" et un gigantesque paradoxe ? Elle se revendiquait farouchement opposée à l'impérialisme occidental et pourtant, la Russie soviétique et le communisme universaliste promu par cette dernière ont donné naissance à une autre forme d'impérialisme totalitaire. La révolution d'Octobre 1917 amorça cette conquête idéologique, militaire et politique qui s'enracina presque un siècle durant de l'Europe centrale à l'océan Pacifique. Ce devait être un âge d'or pour l'Humanité toute entière, ce fut certainement en réalité bien plus un âge du fer, de l'acier et du béton. Même le soleil semblait se lever rouge sur l'empire des soviets.
Au fil des décennies pourtant, la chape de plomb qui pesait sur l'URSS s'est fissurée et a laissé percevoir l'ampleur des crimes commis par l'idéologie soviétique. Si le goulag en reste la plus horrible et célèbre expression, l'endoctrinement et l'emprisonnement de la pensée ainsi que la destruction des territoires soviétiques au profit d'une industrialisation démesurée et prédatrice en sont d'autres aspects : Tchernobyl, la pollution et l'éradication de toute forme de vie sous-marine en mer d'Aral ou encore les projets pharaoniques de détournements des fleuves sibériens en sont de parfaits exemples. "[...] les crimes commis en son nom [le communisme], la diversité et la particularité des victimes justifient l'acuité de la question : pourquoi tant de cruauté ? " (Thierry Wolton, Communisme, une histoire mondiale, t.2, Perrin, Paris, 2015). En Occident la désillusion fut brutale et nombreux sont ceux à avoir essayé de comprendre, expliquer et parfois même osé justifier les crimes de l'URSS.
A travers une sélection de livres et à l'occasion des 30 ans de la chute du régime soviétique nous vous proposons de revenir sur l'histoire de l'empire rouge, de son existence, de son déclin et de sa chute mais aussi sur celle de ses dirigeants, de ses crimes et de ceux qui la vécurent. Si cette histoire a été terrible, violente et sombre, elle a pu aussi à certains moments être sincère, originale et riche d'enseignements. "L'horloge du communisme a sonné tous ses coups. Mais l'édifice de béton ne s'est pas encore écroulé. Et il ne faudrait pas qu'au lieu d'en sortir libérés, nous périssions écrasés sous ses décombres." (Alexandre Soljenitsyne, Comment réaménager notre Russie ?, Fayard, Paris, 1990)