Mais, en tant qu’ensemble des applications de la science dans le domaine de la production, la technique prend tout son sens à l’orée de la révolution industrielle. En accompagnant le siècle des innovations, des découvertes, de la machinisation et de la croissance, la technique semble s’incarner en son projet originel. Libérée de toutes contraintes et encouragée par le développement des connaissances, celle-ci connaît son acmé. Elle accouche alors de ce que nomme Jacques Ellul : le système technicien. La machine est lancée.
D’un côté, depuis ses origines, la technique apparaît comme une aide, un perfectionnement de l’homme pour faciliter sa survie, alléger ses efforts, simplifier ses tâches quotidiennes, étendre son territoire. En d’autres termes, la technique a amélioré la condition de l’Homme et son confort tout en prolongeant l’espérance de vie. Les avancées scientifiques et médicales s’inscrivent en cela, et de toutes évidences, dans l’augmentation de la qualité de vie. En outre, peu importe la forme qu’elle prend, la technique a pour qualité principale l’accélération. L’invention du papier comme de l’internet provoque et intensifie la propagation des idées et des informations. L’essor des moyens de transport permet le déplacement rapide qui permet à son tour la mise en réseau de l’humanité et les enrichissements culturels divers. Dans son versant positif, la technique améliore donc les conditions de vie de l’Homme, l’émancipe et le connecte aux autres.
Du reste, bien que s’accompagnant de toute une mythologie, de rêves et de fantasmes, la technique reste ambivalente et faite de paradoxes. Elle n’est ni noire ni blanche ; autant capable d’amélioration et de progrès que de destruction et d’aliénation. Osons même une théorie : et si le versant néfaste de la technique n’était pas dû à un mauvais usage ou un mésusage de celle-ci ? Et s’il n’était que le corollaire intrinsèque à son bon usage ? Ainsi la technique se veut totale. À prendre ou à laisser.
« J'entends par là que le développement de la technique n'est ni bon, ni mauvais, ni neutre, mais qu'il est fait d'un mélange complexe d'éléments positifs et négatifs, "bons" et "mauvais" si on veut adopter un vocabulaire moral » Jacques Ellul, Le Bluff technologique.