Tout le monde connaît aujourd’hui les difficultés des paysans qui haussent la voix depuis plusieurs années : outre les difficultés financières et problèmes d’endettements, il s’agit aussi d’un manque de reconnaissance, culturel et économique. Leur nombre baisse, l’installation des jeunes agriculteurs est devenue complexe, la concurrence, européenne notamment, s’est compliquée avec le traité de libre-échange… Beaucoup de ces questions font l’actualité, sans pour autant changer leur condition.
Car le monde paysan n'est en rien figé malgré ce qu'ont cherché à démontrer certains chantres de la de l'industrie et du progrès. Les divers révoltes des campagnes qui jalonnent notre histoire, souvent connues sous le terme péjoratif de "jacqueries", témoignent de la vivacité d'un monde multiforme qui ne perdit jamais de vue la nécessité de son existence. Durant des siècles il su créer une véritable civilisation "constitutive d'elle même" comme l'écrit Henri Mendras mais qui certes fut terriblement ébranlée à partir des années 1950 par la mécanisation galopante des campagnes: "les fermiers veulent des réfrigérateurs, et non plus des contes de fées" remarquait ainsi tristement Emmanuel Le Roy Ladurie.
Mais les paysans n'ont pas dit leur dernier mot. Sans doute reste-t-il encore beaucoup à reconstruire mais cette épopée ne s'arrête pas ici car comme l'a si bien écrit Eric Allary dans son Histoire des paysans français (Perrin, 2016) : « C’est une histoire de luttes, de vie et de survie, de foi et déprise religieuse, d’espoir et de désespérance. Une quête d’identité, de reconnaissance. Les paysans du début dun XXIe ne partagent plus grand-chose avec leurs ancêtres de la Belle époque si ce n’est la recherche d’équilibre et de solidarités. Leur histoire continue. »