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Narrative non-fiction : écrire entre fictions et réalités

Publié le 07/11/2015
Dans la plus grande tradition américaine entre journalisme et littérature, le genre appelé outre -atlantique « narrative non-fiction » est un des fondements de la littérature nord-américaine du XXème siècle.
Si beaucoup d'écrivains américains ont également été des journalistes dès le milieu du 19ème siècle, c'est Truman Capote qui « invente » le genre narrative non-fiction et le revendique avec son chef d'œuvre De sang froid, publié en 1966. Cet immense ouvrage est le résultat d'une incroyable enquête qui dura plus de dix ans, racontant les conséquences du meurtre d'une famille de fermiers sur une petite ville du Kansas et sur les deux meurtriers.

La narrative non-fiction emprunte au journalisme ses méthodes d'investigation tout en étant un véritable objet littéraire. Les années 60 et 70 voient le genre se développer grâce à des figures de la contre-culture comme Hunter S. Thompson, Tom Wolfe, Norman Mailer ou Joan Didion. Thompson est d'ailleurs le père du mouvement « gonzo », qui prône le journalisme participatif, notamment avec le livre Hell's Angels sur le gang de motards mythique dont il partage le quotidien pendant un an ou encore le cultissime Las Vegas Parano et Gonzo Highway, manifeste du genre.

Les années 80 et 90 voient un renouveau de la narrative non-fiction, avec David Foster Wallace ou Janet Malcolm. Dans Le journaliste et l'assassin Malcolm questionne avec une grande intelligence et une étonnante lucidité l'éthique journalistique à travers le rapport du journaliste et de son sujet entre manipulation des faits et travestissement de la vérité. Car c'est bien de vérité dont il est question avec la narrative non-fiction : la fiction n'est-elle pas une trahison de la vérité ? Pourquoi cette démarche, chez tous ces écrivains qui ressentent le besoin de s'affranchir de la forme du pur roman ?

Cette nécessité impérieuse de trouver un mode hybride où le journalisme pur n'est pas souhaitable non plus car il n'est pas question d'abandonner la création littéraire. Selon David Samuels, auteur du brillant Mentir à perdre haleine, « pour créer une narration collective, il faut aller voir, s'entendre raconter les histoires, parler aux gens, à leurs frères et leurs voisins, enregistrer ce qu'on ressent chez eux, comment on se sent en leur présence. Ce sont des problèmes littéraires, de position du narrateur et de caractérisation. ». Ces questionnements sont ceux de tous les écrivains de romans qui ont compris que la prétendue objectivité du journalisme n'est qu'une chimère et que la subjectivité romanesque de la forme littéraire apporte une perspective plus intéressante que celle des faits purs et que l'obsession de vérité à laquelle ils sont soumis peut être assouvie différemment.

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Le journalisme gonzo

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